Les jeunes Grecs répondent à la crise en lançant des start up... avec succès

TaxiBeat est un pur produit de la crise en Grèce. Pourtant, elle fait des envieux. Cette application grecque a beau avoir été conçue sur fond de fortes incertitudes économiques en 2010, elle connaît aujourd\'hui un large succès inespéré pour ses trois fondateurs.TaxiBeat a conquis ParisAdapté aux Smartphones, le service, simple mais efficace, permet de trouver rapidement un taxi et offre au consommateur le luxe de choisir son conducteur en fonction de ses préférences (type de voitures, services à bord...) Dès son lancement à Athènes en 2011, la petite application fait fureur. Forts de ce succès, les créateursde TaxiBeat décident de l\'exporter. En seulement quatre mois TaxiBeat conquiert Rio de Janeiro, Bucarest, Sao Polo, Oslo et, depuis le 4 décembre dernier, Paris.Les 15 employés athéniens de TaxiBeat sont l\'incarnation même de cette nouvelle génération d\'entrepreneurs grecs. Bien déterminés à braver la crise économique par leurs initiatives et ambitions, ils sont de plus en plus nombreux et jeunes à lancer leurs start-ups héllènes. « C\'est une réaction positive aux troubles économiques », explique Alexandra Sigala, salariée de TaxiBeat. « Aujourd\'hui, il y a une forte communauté de start-ups actives qui se développe à travers le pays. Comme c\'est un phénomène nouveau ici, il y a une importante entraide entre nous », jubile-t-elle.Rester pour redresser le paysVassilis Nikolopoulos, un athénien qui dirige Intelen, une société de profilage qui compte19 employés, avoue avoir déjà été tenté par un départ à l\'étranger. AVec un taux de chômage alarmant de 58% chez les 15-24 ans, une partie des jeunes actifs n\'hésitent d\'ailleurs plus à faire ce choix. En 2011, 9% des diplômés ont pris la direction de l\'Australie, la Russie, la Chine, l\'Allemagne...  \"Rester ici est parfois difficile\", admet Vassilis, avant de se ressaisir : \"Nous sommes la nouvelle génération, nous devons agir, il faut essayer de monter des projets ici, même si cela implique des sacrifices\", argumente-t-il.Premier défi pour ces créateurs d\'entreprises : rassurer les investisseurs méfiants en raison de la crise. Aussi, Vassilis confie qu\'il a été contraint d\'installer son siège à Chypre en 2010, afin d\'attirer des clients toujours sceptiques quant à la stabilité économique de la république hellénique. «Notre production principale reste en Grèce, c\'est important pour nous », insiste néanmoins le dirigeant.Le service public n\'est plus« le Graal »La bureaucratie accablante et le manque d\'aides financières pour les jeunes entrepreneurs freinent également les ambitions. « Le nombre de documents à fournir pour s\'installer est incroyable et décourageant », déplore Vassilis. « L\'Etat reste écrasant, renchérit Elina, une jeune et active athénienne, il taxe les jeunes de la même façon que tous les entrepreneurs (l\'impôt sur les sociétés est de 24%). La classe politique n\'a rien compris au changement d\'attitude qu\'elle doit faire envers les jeunes du privé. »Un constat que partage Vassilis. « La mentalité doit évoluer en Grèce», martèle-t-il. Le système éducatif grec a en effet toujours vanté le secteur public,« comme un Graal », rappelle Vassilis. Ce secteur représentait jusqu\'ici l\'avenir pour les jeunes. « La solution de facilité était d\'intégrer le service public après nos études, raconte Vassilis, mais cela revient en fait à une destruction de l\'innovation en Grèce. Personne n\'est encouragé à monter son propre projet. » Avec la crise et les réductions d\'effectifs des fonctionnaires, le « rêve » du public s\'estompe aujourd\'hui. Sur les plus de 700.000 fonctionnaires qui travaillent actuellement, 2.000 devraient être licenciés d\'ici la fin de l\'année et 25.000 en 2013.Du coaching pour monter sa boîtePour Stavros Messinis, patron de la société de conseil Co-Lab, les Grecs ont un bagage « très théorique mais peu pratique » à leur sortie de l\'université. En raison de cette absence de « liens avec les entreprises», ce Grec a fondé Co-Lab. Cette structure prodigue depuis 2010 des conseils aux nouveaux entrepreneurs. « Comment structurer un réseau, intégrer le marché du travail, vendre à l\'étranger.... », égrène StavrosMessinis. Désormais, 60 entreprises font appel à ses services.Deux autres structures du même type, Synergie à Athènes et Loft2work à Thessalonique, proposent ce « coaching », parfois très basique, dont manquent les jeunes Grecs. Pour Stavros Messinis, ces derniers ont désormais une grande « responsabilité. » Il exhorte ainsi tous les jeunes qui ont des projets en tête à se lancer dans l\'aventure \"sans plus attendre.\" Stavros en est persuadé : « Nous avons le choix en Grèce, nous pouvons être maîtres de notre destin. » Un discours qui tranche.Produire en Grèce, exporter dans le monde« Le problème est qu\'en Grèce, nous pensons trop local, souligne Stavros Messinis. L\'idée aujourd\'hui est de produire ici puis d\'exporter. » De fait, comme le signale le patron de Co-Lab, de nombreuses start-up lancent leurs activités sur le web pour commercialiser ensuite leurs produits à l\'étranger. Une stratégie qui a fait le succès de l\'entreprise de Vassilis Nikolopouos. « A Intelen, notre slogan est « Develop global, expand global», explique le jeune entrepreneur. Classée parmi les 100 premières entreprises émergentes de son secteur par un magazine américain en 2010, Intelen a aujourd\'hui un portefeuille de 50 clients en Grèce et en Bulgarie. L\'entreprise veut désormais tenter de s\'installer dans la Silicon Valley!
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