Michelin se dégonfle pour 2010

C'est à n'y rien comprendre. Les deux géants mondiaux du pneu auraient sans doute dû accorder leurs violons avant de parler. Car le résultat est là : les perspectives sont plus que jamais floues pour le secteur, à l'issue des déclarations faites ce vendredi par Michelin et son rival japonais Bridgestone. Une chose est sûre, en revanche, tous deux sont satisfaits de tourner la lourde page 2009.Les résultats de Michelin en sont marqués au fer rouge. Son bénéfice a dégringolé de plus de 70 %, à 104 millions d'euros, alors qu'il s'élevait encore à 770 millions deux ans auparavant. Malgré tout, le groupe est parvenu à éviter la casse. Car, malgré des conditions de marché particulièrement difficiles, il a réussi à améliorer son bilan. Deux chiffres en témoignent : la dette nette, qui a été réduite de 28 %, à 3,05 milliards d'euros, et le flux de trésorerie, porté à 1,38 milliard, alors qu'il était négatif l'an dernier.Grande vigilance pour 2010S'il ne s'en sort donc pas trop mal, Michelin est-il pour autant tiré d'affaire ? Pas exactement. Car l'année 2010 s'annonce encore plus délicate. C'est, en substance, le message délivré par la direction du groupe. Indiquant que le contexte actuel incitait à « une grande vigilance », celle-ci a surtout insisté sur les incertitudes planant sur le marché et n'a, en définitive, donné aucune prévision pour l'exercice en cours. Si ce n'est celle d'un cash flow positif à la fin 2010.Un discours qui contraste franchement avec l'annonce faite parallèlement par son concurrent japonais, Brigdestone, qui a relevé ses prévisions de résultats pour 2009. Il s'attend désormais à un bénéfice net de 1 milliard de yens (8,1 millions d'euros) alors qu'il tablait précédemment sur une perte nette de 10 milliards. Le résultat d'exploitation a, quant à lui, été relevé à 75 milliards de yens (612 millions d'euros) contre 60 milliards de yens prévus initialement. Hausse des prix du caoutchoucCertes, ce surplus d'optimisme de la firme nippone ne tient que pour 2009. Mais à une semaine de ses résultats, l'annonce laisse entendre que Bridgestone part d'un meilleur pied pour 2010, au regard peut-être d'une nette amélioration enregistrée sur ces marchés en fin d'année. Bref, rien à voir avec le scepticisme affiché par la firme française qui, au-delà des incertitudes de marché, s'attend une hausse du prix des matières premières et notamment du caoutchouc. Si Michelin compte y répondre par des hausses de prix sur ses pneus, cela ne manquera pas de peser sur ses comptes cette année. Ce qui est d'autant plus dommageable que, pour ne pas rater le train de la reprise, le groupe veut relancer ses investissements de 500 millions à 1,1 milliard d'euros. En outre, après avoir épuisé ses stocks en 2009, il va être contraint de les reconstituer, ce qui va obligatoirement se traduire par des dépenses supplémentaires. Autrement dit, le seul objectif avancé d'un « free cash flow » positif sur 2010 va être difficile à tenir. Mais cela ne donne pas pour autant l'avantage à Bridgestone. Car le relèvement des prévisions de la firme nippone ne tient qu'à l'impact significatif des initiatives de réductions de dépenses. En clair, cela ne donne aucune indication sur ses perspectives. Seule certitude, pour Michelin comme pour Bridgestone, la sortie de crise s'avère beaucoup plus délicate qu'il n'y paraît. Michelin n'en a pas fait mystère. Reste à savoir ce qu'en pensera Bridgestone dans une semaine.
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