Hedge funds, pomme de discorde entre Paris et Londres

Le déjeuner d'une heure entre Gordon Brown et Nicolas Sarkozy à Londres ce vendredi n'aura pas suffit. Les deux pays n'ont pas trouvé de solution sur leurs désaccords concernant le projet de directive européenne sur les hedge funds (dite directive AIFM), même s'ils se disent confiants dans le fait de résoudre le problème d'ici la réunion des ministres des finances de l'Union européenne mardi.« On est en train de trouver le point d'équilibre qui nous permettra de mettre en place la régulation, d'obtenir la transparence et d'éviter les risques systémiques, et en même temps que la City, qui est un atout pour l'Europe, ne se sente pas mise en danger », estime Nicolas Sarkozy. Avant de préciser : « est-ce qu'on a trouvé ce point d'équilibre ? Non. Mais nos collaborateurs (...) vont s'y mettre. » Pas touche à la CitySon homologue britannique se voulait lui aussi rassurant. « Nous pouvons trouver une solution dans les prochains jours », affirme Gordon Brown. Mais il insiste : « Nous devons nous assurer que (cette directive) ne fasse pas de dommages et que la City de Londres soit protégée. »Le désaccord concerne un projet de directive européenne sur les fonds alternatifs, en discussion à Bruxelles depuis un an. Depuis le début, Londres, où résident 80% des hedge funds d'Europe, s'y est opposée. Une lettre en début de semaine de Timothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor, est venue renforcer l'opposition. Celui-ci s'inquiète en particulier des difficultés pour les fonds non-européens d'être commercialisés partout en Europe. Passeport européenLe principal sujet de discorde entre les français et les anglais porte sur la possibilité de distribution des fonds de pays tiers dans toute l'Union grâce à un passeport européen. Alors que les Français sont hostiles à cette idée, les Britanniques apprécient la proposition du rapporteur Jean-paul Gauzès, prévoyant qu'un passeport devra être admis une fois que les régulations de part et d'autre de l'Atlantique auront été harmonisées. En attendant, chaque pays membre sera libre d'accepter, ou non, la distribution de fonds offshore. Si les Etats-Unis s'inquiètent pour les hedge funds américains vendus en Europe, Londres se soucie des fonds enregistrés off-shore, mais gérés depuis la City.Date butoir mardiNicolas Sarkozy et Gordon Brown n'ont pas précisé ce qui leur permettait d'être optimiste quant à la résolution du problème d'ici mardi. Cette date butoir est importante parce qu'elle correspond à la réunion des ministres des finances de l'Union Européenne. S'ils échouent à trouver un compromis, la réunion suivante n'aura lieu qu'en mai.D'accords pour une taxePar ailleurs, Nicolas Sarkozy et Gordon Brown se sont dit en accord sur le projet d'une taxe sur les banques. Le président français a évoqué une « taxe sur les transactions » tandis que le premier ministre britannique a parlé d'une taxe sur le bilan des banques. Sur le fonds, les deux hommes sont d'accord et ils attendront les propositions du FMI dans le cadre d'un rapport qui doit être remis en mois prochain. En attendant, « Les positions de la France et du Royaume-Uni sur le sujet sont entièrement les mêmes », assure Gordon Brown.Les deux dirigeants insistent pour continuer les réformes menées par le G20, craignant que la reprise économique ne ralentisse leur rythme. « Ce n'est pas parce qu'on sort de la crise qu'il faut arrêter les réformes, explique Nicolas Sarkozy. C'est tout le contraire. »
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