Alessandro Profumo prône un fonds bancaire privé plutôt qu'une taxe publique

Si trois pays d'Europe ont, contre les autres membres du G20 qui y étaient opposés, pris l'engagement de créer une taxe bancaire, l'un des banquiers les plus réputés de la vieille Europe, Alessandro Profumo, directeur général d'Unicredit, prône une autre solution : celle d'un fonds alimenté par quelques grands établissements bancaires européens.Dans une tribune publiée dans le « Financial Times » lundi, le banquier développe les arguments en faveur d'un tel fonds et avance une méthodologie. Selon Reuters, Alessandro Profumo a tenté de convaincre ses homologues de BNP Paribas, Deutsche Bank et Santander, mais aucun de ces trois établissements n'a souhaité faire de commentaire.Ce fonds qui collecterait en cinq ans 20 milliards d'euros auprès des 20 plus grandes banques européennes, précise Mr Profumo, interviendrait uniquement pour aider des banques dont le régulateur aurait au préalable estimé qu'elles étaient viables et qu'elles avaient besoin de cette aide. Le banquier italien suggère que ce fonds apporte des garanties à l'établissement en difficulté, en souscrivant à des obligations qu'il émettrait. Cette méthodologie aurait trois avantages, selon le patron d'Unicredit. D'une part, un soutien du fonds serait un signe suffisamment fort pour inciter d'autres investisseurs à mobiliser de l'argent en faveur de l'établissement. Par ailleurs, ce système permettrait d'intervenir en amont, ce qui éviterait une propagation du problème et donc un risque systémique. Enfin, le banquier considère qu'il serait moins « inéquitable » qu'une taxe visant l'ensemble des banques. Y compris celles qui, à ce jour, n'ont pas eu recours à l'aide publique.Reste à savoir si le banquier convaincra ses confrères. Il y a quelques mois, Joseph Ackermann, patron de Deutsche Bank s'était exprimé en faveur d'un fonds co-financé par les banques et les Etats. Un des arguments avancés chaque fois qu'est évoquée l'idée d'un fonds de sauvetage est celui du hasard moral : donner à penser aux banques qu'elles bénéficieront, de toute façon, d'un filet de sécurité ne les incite-t-il pas à prendre toujours plus de risques ? C'était d'ailleurs la réponse de l'Institute for international finance qui regroupe les plus grandes banques mondiales, et qui préférait une gestion a posteriori de la défaillance d'un établissement. Selon Alessandro Profumo, c'est le principe de la taxe, appliquée à tous, qui inciterait à la prise de risque. G. L. S.
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