À Cancún, l'ONU parvient à un accord modeste sur le climat

Les négociateurs sur le climat à l'ONU ont eu beau multiplier les « standing ovations » lors de la clôture de leurs travaux dans la nuit de vendredi à samedi à Cancún, la menace climatique est loin d'être écartée pour la planète. À défaut, les conclusions de la conférence ont eu cette vertu de restituer la confiance dans le processus onusien lui-même. La création d'un « fonds vert » destiné à soutenir les efforts des pays en développement a également été acté. « Avec cet accord on sauve de la faillite le système multilatéral de négociation sur le changement climatique », a claironné la ministre française de l'écologie , Nathalie Kosciusko-Morizet, pour qui « l'accord de Cancún rattrape le gâchis de Copenhague, même si sa forme n'est pas aussi légalement contraignante que l'aurait voulu la France ». Sur le fond, le principal apport de la conférence consiste à confirmer et préciser de nombreux points du texte conclu lors de la conférence de 2009 au Danemark (voir encadré). Parmi ces timides avancées, les pays de l'ONU reconnaissent officiellement que la hausse de la température mondiale ne devra pas excéder deux degrés Celsius au-dessus des niveaux pré-industriels, même s'ils ne s'en donnent pas les moyens. Peu ambitieux, l'accord de Cancún a rallié l'immense majorité des délégations. Mais « il y a encore un long et difficile chemin à parcourir », a résumé Connie Hedegaard, la Commissaire européenne au climat. Parmi les sujets qui fâchent, figurent les objectifs globaux de réduction des émissions de CO2, toujours non contraignants.Question sans réponseCancún n'a pas permis d'aller au-delà d'engagements sur une base volontaire et laisse sans réponse une question hautement politique : les pays du Nord, à la responsabilité historique dans le réchauffement, doivent-ils prendre rapidement des engagements plus stricts pour cesser de polluer, ou sont-ils en droit d'attendre des grands émergents, dont la Chine, qu'ils s'imposent à leur tour des objectifs dans un cadre international et contraignant ? Un casse-tête dont l'enjeu n'est autre que la compétition industrielle mondiale dans un contexte de crise économique.Autre question, quel doit être l'avenir du Protocole de Kyoto, à l'origine du marché carbone ? Seul traité international à ce jour, ce protocole contraint une quarantaine de pays du nord à réduire de 5,2 % leurs émissions d'ici à 2012, État-Unis exceptés, pourtant deuxième pollueur mondial. Les pays émergents militent pour son prolongement. Mais des nations comme le Japon sont réticentes tant que s'exonèrent les grands pollueurs. En panne de politique climatique nationale, les États-Unis disent privilégier un nouvel accord qui engloberait les pays émergents. Le texte de Cancún ne ferme pas la porte au prolongement de Kyoto. Il fait même allusion à la nécessité pour les pays riches de réduire d?ici à 2020 leurs émissions entre 25 % et 40 % au-dessous de leur niveau de 1990. Autant de sujets qui devront être examinés par la prochaine conférence sur le climat, à Durban en 2011.
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