L'avenue Bosquet en état de siège

« Beaucoup de gens me disent que Denis Kessler se prépare. Dans trois mois, que ferez-vous, Jean-Charles Simon?? » demande, début décembre, la présidente du Medef à son directeur général délégué, naguère un proche du président de la Scor, lorsque celui-ci était à la tête de la Fédération française des sociétés d'assurance. Et quand, début janvier, Jean-Charles Simon se décide à quitter l'avenue Bosquet, elle crie au complot, l'accusant d'avoir « mené de bout en bout un incident spectaculaire » et fait monter au créneau son entourage pour la discréditer auprès des rédactions. Cela surprend ceux qui, à l'intérieur de l'organisation, n'ont jamais pris en défaut la loyauté du directeur général à l'égard de la présidente. Elle conduit sur le champ une enquête pour savoir qui, en interne, a reçu son mail de départ. Puis pense devoir établir un lien entre cet incident, la sécession de la Fédération alimentaire juste avant la trêve de Noël, et les propos très critiques d'Alain Minc sur le rôle du Medef pendant la crise. En croisant tous ces « indices », elle compte bien finir par débusquer l'auteur de la cabale.signe de disgrâceCette sensibilité exacerbée de Laurence Parisot ne date pas des événements récents. Lorsque, le 5 octobre, Nicolas Sarkozy choisit de présenter son plan de 2 milliards d'euros en faveur des PME au forum de la CGPME, au Palais des congrès, et non aux côtés du Medef, elle redoute un signe de disgrâce pour le Medef, toujours en rivalité avec l'autre organisme patronal. Faut-il alors comprendre que l'Élysée est prêt à pousser son candidat lors de l'élection de juillet prochain, face à l'actuelle dirigeante?? Quelques jours plus tard, en pleine polémique sur la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l'établissement d'aménagement de La Défense (Epad), elle s'engage avec enthousiasme en faveur du fils du président, jugeant « formidable que quelqu'un de jeune et d'engag頻 comme lui puisse être candidat à la présidence de l'organisme. À l'étonnement de son entourage devant une prise de position pour le moins hardie au regard de ses fonctions, elle aurait répondu, selon un témoin direct?: « Ce sera un point à mon crédit. » A-t-elle raison de tout lire à l'aune de l'échéance électorale à venir?? Certes, il est arrivé qu'à l'approche des élections patronales, les langues les plus acérées se délient, transformant une campagne classique en guerre fratricide?: on se souvient de la guerre entre Yvon Gattaz et Yvon Chotard en 1981 pour la succession de François Ceyrac. Mais pour la réélection d'un président, à un poste aussi difficile et ingrat, c'est plus rare. Si Laurence Parisot a fait abaisser dans les statuts du Medef le seuil de la réélection de 66 % à 50 % des voix, et alors qu'elle est loin d'avoir perdu la course à six mois du scrutin, il règne, avenue Bosquet, au siège de l'organisation patronale, une atmosphère d'état de siège. Valérie SEGOND
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