L'Autorité de la concurrence entame un bras de fer avec le groupe Casino

L\'Autorité de la concurrence repasse à l\'offensive contre le groupe Casino. Appelé à statuer sur la prise de contrôle total de Monoprix par le groupe Casino, l\'organisme public a émis \"de sérieux doutes\" sur la viabilité de ce projet en termes de concurrence, notamment à Paris. Casino attend le feu vert de l\'organisme pour conclure le rachat des 50% de Monoprix détenus par les Galeries Lafayette pour 1,175 milliard d\'euros.D\'après un communiqué publié mercredi, le rachat de Monoprix \"risque d\'entraîner un renforcement significatif de la position concurrentielle\" du groupe stéphanois \"dans un certain nombre de zones de chalandises à Paris\". \"Cette opération soulève des doutes sérieux d\'atteintes à la concurrence et nécessite l\'ouverture d\'une phase d\'examen approfondi\", écrit l\'Autorité. Ainsi, s\'ouvre une période de 65 jours au terme de laquelle l\'organisme devra statuer sur l\'opération. Le groupe Casino pourra, durant cette période, se rapprocher de l\'organisme, si elle le juge nécessaire, afin d\'engager des négociations. Mais dans ce cas, celles-ci risquent de se transformer en bras de fer, l\'Autorité de la concurrence ayant déjà un avis très précis sur la situation, notamment à Paris.Jusqu\'à 80% des magasins dans certains quartiersEn janvier 2012 déjà, l\'organisme avait accusé le groupe Casino d\'une situation dominante à Paris. Propriétaire des magasins Franprix, Leader Price, le groupe Casino détenait déjà l\'autre moitié du capital du groupe Monoprix (réseau Monoprix et Naturalia). Saisie par la Ville de Paris, l\'Autorité avait alors constaté que le groupe Casino s\'accaparait, en surface, \"une part de marché supérieure à 60% à Paris\" et entre 50 et 70% en termes de chiffre d\'affaires \"y compris lorsqu\'est prise en compte la concurrence des hypermarchés de périphérie\".Dans son avis publié le 11 janvier 2012, l\'Autorité observait que les nouvelles ouvertures de commerce dans Paris intra-muros concernaient \"principalement des supérettes de moins de 400m2, qui sont pour la plus grand part exploitées par le groupe Casino\". Dans onze quartiers parisiens, Casino détenait plus de 80% des magasins.La contre-attaque de CasinoDe son côté, le groupe Casino avait fermement rejeté les accusations de l\'Autorité. Un communiqué du 11 janvier 2012 affirmait que la part de marché du groupe Casino « n\'excédait pas 38,5% à Paris selon trois études ». D\'après le groupe de grande distribution, l\'Autorité de la concurrence a exclu \"les dépenses dans le commerce traditionnel, les commerces spécialisés, le e-commerce alimentaire, les marchés ouverts et les hypermarchés de périphérie\". Autrement dit, Casino n\'est pas seulement en concurrence avec d\'autres distributeurs de type Carrefour, ou Auchan, mais avec les boulangeries, les boucheries, les libraires... Le communiqué affirme également que loin de constituer une entrave à la concurrence, le groupe Casino \"propose des prix compétitifs, notamment au travers de ses marques propres et innove en permanence pour répondre aux besoins des consommateurs parisiens\".L\'Autorité de la concurrence a attendu son heureL\'avis rendu en janvier 2012 n\'avait qu\'une portée consultative. A cette occasion, l\'Autorité de la concurrence avait demandé au législateur de le doter d\'un pouvoir \"d\'injonction structurelle\". Un pouvoir qui, depuis, lui a été conféré uniquement dans les DOM-TOM.Sauf qu\'il s\'agit, cette fois, d\'un rachat d\'entreprise, et qu\'en la matière, l\'organisme public dispose de tout pouvoir pour bloquer l\'opération, bien que l\'autorité n\'ait jamais fait usage de cette prérogative depuis 2009, date à laquelle elle en a été pourvue. En prenant le contrôle de Monoprix, Casino savait qu\'il s\'exposait au risque de devoir rendre des comptes...
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