Le bond de l'euro est un rempart contre la hausse des prix à l'importation

L'euro n'en finit plus de monter. Après l'avoir déjà franchi hier mardi, la monnaie unique a de nouveau dépassé, en séance, ce mercredi le seuil symbolique de 1,45 dollar, une première depuis janvier 2010 et le début de la crise des finances publiques de la zone euro. Cela porte à près de 9 % la performance de la devise européenne face au billet vert cette année. Le constat est le même face au yen japonais qui, à 122 yens pour 1 euro, a cédé plus de 11 % depuis janvier et évolue non loin de son plus bas niveau face à l'euro depuis près d'un an. Au sein des grandes monnaies du G7, la livre a signé la meilleure performance en ne cédant que 3 % à 0,89 livre pour 1 euro, son plus bas niveau depuis six mois, suivie du dollar canadien, qui cède près de 5 % à 1,392 dollar pour 1 euro.Cette envolée générale n'est pas fortuite. En dehors de la Banque du Canada, qui a relevé son taux directeur à trois reprises en 2010, mais l'a laissé inchangé à 1 % depuis octobre, la BCE est la seule des banques centrales à avoir entamé la normalisation de ses taux d'intérêt. Elle a ainsi relevé de 1 % à 1,25 % son taux de « refi » le 7 avril, et les analystes tablent sur deux à trois tours de vis supplémentaires cette année, ce qui pourrait porter le « refi » jusqu'à 2 % en 2010. Les stratégies de portage, qui consistent à emprunter une monnaie à bas taux d'intérêt - par exemple le dollar américain à moins de 0,25 % - pour acheter sur le marché des changes des monnaies à plus fort taux et les placer sur le marché monétaire, sont responsables de la montée de l'euro.Éviter une surchauffeCette hausse de la monnaie unique n'est pas une si mauvaise nouvelle pour l'économie européenne, ni pour la BCE, même si elle ne l'avouera jamais officiellement. L'inflation européenne, qui semble s'installer durablement au-delà de l'objectif de 2 %, est en effet en grande partie « importée » lors des achats de matières premières, cotées en dollar. La vigueur de l'euro amortit donc ce choc inflationniste et préserve en partie le pouvoir d'achat des ménages. La remontée des taux vise, elle, à éviter une surchauffe des économies les plus dynamiques et à prévenir la formation de bulles, notamment immobilière. Julien Beauvieux
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