Sandrine Bonnaire  : « Je veux soutenir un cinéma qu'on ne voit pas »

C'est elle qu'Olivier Poivre d'Arvor, le directeur de Culturesfrance (l'opérateur délégué des ministères des Affaires étrangères et de la Culture), a choisie comme marraine du « Pavillon les cinémas du monde » à Cannes, aux côtés du Cambodgien Rithy Panh. Et il a eu bien raison. Ouverte aux autres cultures depuis son plus jeune âge, comme le raconte le formidable ouvrage regroupant ses conversations avec Tiffy Morgue et Jean-Yves Gaillac, Sandrine Bonnaire a la volonté farouche de soutenir un cinéma venu d'ailleurs. Pourquoi avoir accepté d'être la marraine du « Pavillon les cinémas du monde » ?J'ai envie de contribuer à soutenir un cinéma qu'on ne voit pas. Ces films sont mis de côté par un système économique ou politique et ça m'est inacceptable. Comment envisagez-vous votre rôle de marraine ?Culturesfrance a invité les délégations de douze pays, composées de réalisateurs et de producteurs, dont les films sont terminés ou en développement. Le but, c'est de créer des contacts entre ces équipes et des producteurs et des distributeurs présents à Cannes. J'ai très envie de les entendre pour savoir quelles difficultés ils rencontrent et diffuser ensuite cette parole. C'est votre amie Ouidad qui, la première, vous a ouvert à d'autres cultures.Oui, c'était ma meilleure amie et j'ai grandi dans sa famille parallèlement à la mienne. Je viens d'un milieu où on ne voyageait pas. Elle y avait accès par sa culture d'origine, mais aussi à travers ses études. À ses côtés, je me suis d'abord intéressée à l'Algérie puis à l'Égypte (je suis fan de musique arabe). Puis Ouidad m'a fait découvrir l'Amérique du Sud. Quels sont les premiers films non occidentaux qui vous ont marqué ?J'ai vu « la lumière » (1987) de Souleymane Cissé avant de tourner « la Captive du désert » de Raymond Depardon. J'avais été frappée par ces paysages épurés, ces cadres simples, ces plans statiques que l'on retrouve dans le film de Depardon. J'ai aussi beaucoup aimé « le Destin » de Youssef Chahine, cette audace dans la mise en scène, décalée par rapport à ce qui se fait aujourd'hui. Après avoir été jurée à Venise, vous avez dit : « Je n'imaginais pas comment la culture propre à chaque pays influence la réception d'une oeuvre. »C'était intéressant de voir chacun de nous réagir aux images d'une culture précise. Il y a un rythme et un style avec lesquels les Européens se sentent plus à l'aise. Le cinéma japonais, dynamique et violent à mes yeux, faisait rire les Asiatiques.Propos recueillis par Yasmine You
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