Le vent tourne dans

Les audiences se suivent mais ne ressemblent pas dans le procès de Jérôme Kerviel, l'ancien trader accusé d'avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à la Société Généralecute; Générale. Après avoir été accablé, jeudi, par un ex-collègue toujours en poste dans la banque, « JK » a bu du petit lait vendredi en entendant un ancien responsable de son service affirmer qu'à son sens, « sa hiérarchie directe ne pouvait pas ignorer totalement ses agissements ». Benoît Taillieu, 34 ans, a été employé par la Société Généralecute; Générale de 1999 à 2006, où il a notamment occupé le poste de supérieur direct des traders de l'équipe Delta One, dans laquelle Kerviel a été promu trader un an après son départ. « Retiré du monde de la finance », puisqu'il a fondé une société d'aménagement intérieur, il affirme qu'il parle « en toute liberté », jetant ainsi le trouble sur les témoignages des employés de la banque. Il prend soin de préciser qu'il est en contentieux aux prud'hommes avec son ancien employeur. Il indique aussi n'avoir eu aucun contact avec Kerviel depuis son départ de la banque, « même pas pour un café ». Bien placé pour imaginer ce qui a pu se passer à Delta One, Benoît Taillieu attaque fort : « J'ai l'intime conviction que la hiérarchie cautionnait les prises de positions à risque, directionnelles, de Jérôme Kerviel. » Il précise toutefois qu'il « ne pense pas qu'on ait pu valider des positions de 49 milliards d'euros », le montant atteint par Kerviel en janvier 2008. En somme, selon ce témoin, ses managers savaient que Kerviel dépassait ses limites, mais ils n'ont pas cherché à savoir de combien. Il qualifie les engagements que la banque a laissé Kerviel prendre d' « ubuesques et grotesques », et s'interroge sur la gestion du cash au sein de l'établissement, puisqu'elle ne s'est pas rendu compte que son trader avait 1,4 milliard dans sa trésorerie. « Sauf à passer sa journée au bar », le supérieur de Kerviel ne pouvait rater ça, estime-t-il. Il raconte ensuite s'être rendu à la Société Généralecute; Générale en février ou mars 2008 pour faire les mêmes déclarations qu'au tribunal. Mais ses interlocuteurs lui ont répondu qu'une enquête interne était en cours et que tous les éléments qu'il apportait étaient déjà connus. « C'était circulez, y'a rien à voir », grince l'ancien trader. Avant de poursuivre : « Depuis deux ans, je me rends compte que le scénario du trader isolé est privilégié car c'est moins inquiétant pour la banque, les salariés et les actionnaires, en tout cas celui qui sied le mieux à la direction ». « C'est une grande injustice que Kerviel soit là, seul », affirme-t-il. L'ancien trader marque encore les esprits en affirmant que pendant ses années dans la salle des marchés de la banque, il a assisté à « une prise de risque grandissante », ajoutant que « petit à petit, des cellules et même des hedge funds ont été créés ». Comme un clin d'oeil, dans le public, un jeune homme arbore un T-shirt avec l'inscription « trader fou » et une cible tracée en rouge. nFace à ce témoignage qui ébranle sa version, l'avocat de la banque, Jean Veil, ne peut que souligner que l'ancien trader ne sait rien, et ne fait « qu'imaginer ». n?Lire également notre enquête page 14
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