La Suisse, meilleure alliée de l'euro

Profession de foi de Vladimir Poutine à l'égard de l'euro mercredi, engagement le lendemain du principal fonds de pension chinois à ne pas alléger ses réserves en monnaie unique et vibrant plaidoyer de Jean-Claude Trichet sur les vertus de l'euro, se sont conjugués pour faire sortir la monnaie des Seize du bourbier dans lequel elle s'enfonçait. Si l'on ajoute l'engagement de la BCE à continuer d'alimenter généreusement le marché en liquidités face à la persistance des dysfonctionnements interbancaires et la révision en hausse des prévisions de croissance de la même BCE pour la zone euro de 0,8 % à 1 % pour 2010 et de celle de la Bundesbank pour l'Allemagne, le poids lourd de la zone, de 1,6 % à 1,9 %, on comprend mieux pourquoi les vendeurs d'euros ont préféré se mettre temporairement sur la touche. Après avoir touché un nouveau point bas de quatre ans en début de semaine dernière, à 1,1875 dollar, l'euro est remonté à la veille du week-end jusqu'à 1,2150.L'embellie s'est propagée au marché obligataire, grâce notamment au bon déroulement des émissions de dette publique de l'Espagne jeudi et de l'Italie vendredi, même si les deux pays ont dû payer le prix pour attirer les investisseurs, et à une moindre aversion au risque qui a détourné les acteurs du marché des bunds allemands à dix ans, dont le taux est tombé la semaine dernière à un plancher historique, juste en dessous de 2,5%. Vendredi le rendement l'emprunt phare de la zone euro a poussé une pointe jusqu'à 2,64 %, ce qui a contribué à réduire les écarts de taux avec les pays européens où la crise de la dette est la plus grave.Cette double embellie a-t-elle des chances de durer ? La plupart des économistes restent dubitatifs sur la capacité de l'euro à maintenir ses gains récents et lui prédisent toujours une glissade vers 1,15 dollar. C'est oublier qu'il a trouvé un allié de poids, la Banque nationale suisse. Soucieuse de prévenir une appréciation trop rapide de son franc, qui a pulvérisé trois records historiques consécutifs face à la monnaie unique la semaine dernière, elle engrange des tombereaux d'euros en se défaussant de francs suisses. Résultat : ses réserves de change ont explosé passant de 145 milliards de dollars en avril à 262 milliards en mai. Du jamais-vu pour une banque centrale... Sur le front obligataire, nul doute que la multiplication des annonces de plans d'austérité dans les pays les plus vulnérables de la zone euro va ramener les taux à long terme à bas niveau. Pour les économistes d'Aurel BGC, « la phase aiguë de la crise va s'estomper et la diminution de l'aversion au risque impliquera une remontée des rendements obligataires sur les marchés qui ont servi de refuge. D'autant que la Fed devrait bientôt commencer la cure d'amaigrissement de son bilan, ce qui influera sur l'offre globale d'obligations proposées aux investisseurs ». n La plupart des économistes prédisent toujours une glissade de l'euro vers 1,15 dollar.
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