EDF  :  histoire d'une passation de pouvoir inédite

Conseil d'administration très particulier ce lundi 12 octobre chez EDF. PDG sortant, Pierre Gadonneix présidait face à son successeur désigné, Henri Proglio, encore PDG de Veolia Environnement. « Gadonneix se tournait souvent vers Proglio qui n'a pas dit un mot », raconte l'un des présents. Un mutisme coutumier pour Henri Proglio qui n'a pas non plus prononcé une parole lors du conseil qui l'a désigné, le dimanche 20 septembre. Ce soir-là, Pierre Gadonneix, lui, avait eu du mal à contenir son émotion.La situation est inédite chez l'électricien public. C'est la première fois que deux mois vont s'écouler entre l'officialisation du nom du prochain patron et sa prise de fonction, prévue à l'issue du Conseil des ministres du 25 novembre. « C'est une transition douce, comme les groupes français n'en connaissent pas souvent », assure un proche de Proglio. « Gadonneix est à nouveau jovial. Il a compris que le vin était tir頻, confirme un observateur interne. De fait, les deux hommes se voient une fois par semaine, se téléphonent entre-temps si nécessaire. Ce calme n'était pourtant pas évident quand on sait que le PDG sortant avait fait une campagne appuyée en faveur de sa propre reconduction. Il pouvait prétendre à une prolongation jusqu'à janvier 2012, le temps d'atteindre la limite d'âge statutaire de 69 ans.Henri Proglio, de son côté, avait très soigneusement préparé le terrain. Proche de l'avant-dernier PDG d'EDF, François Roussely, il avait décliné le poste à l'automne 2004, pour ne pas contrer les chances de son ami. Entré à cette occasion au conseil d'administration de l'électricien public, il préside depuis lors le comité de la stratégie d'EDF. Tout en dirigeant de main de fer Veolia, le géant mondial des services à l'environnement, qu'il a sauvé du raz de marée Messier au début des années 2000.« mobilisons-nous »Après trente-sept ans de carrière au sein de l'ex-Générale des Eaux, Henri Proglio a décidé, à 60 ans, de prendre la tête d'une des plus grandes entreprises publiques françaises. Au printemps dernier, le plus secret patron du CAC 40 n'a pas hésité à s'appuyer sur la CGT, toute puissante depuis toujours chez l'électricien. Le syndicat, à l'époque menacé de débordement par la flambée sociale dans la production nucléaire et la distribution électrique, a pesé de tout son poids en sa faveur.Aujourd'hui, pendant que les deux patrons gèrent la passation de pouvoir, le petit cercle des hauts dirigeants d'EDF s'agite. D'autant plus que l'ombre de François Roussely est dans beaucoup de têtes. « Son ex-directeur de cabinet, aujourd'hui en charge des collectivités territoriales, est à la man?uvre », susurre-t-on chez la quinzaine de membres du comité exécutif. Même la centrale de Montreuil, finalement, s'affole. « Proglio est en train de faire tomber des têtes, mobilisons-nous », a lancé la CGT aux autres syndicats. Se sent visée, la garde rapprochée de Gadonneix : les trois directeurs généraux adjoints, dont un ancien de la CGT. « Une ambiance de fin de règne », soupire-t-on au dernier étage du siège, avenue de Wagram.
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