Lycée  : des actes et des moyens attendus

ÉducationRéformette », « mesures cosmétiques », « aménagement de l'existant », « que de bruit pour rien », « non-réforme »? Les réactions syndicales à la présentation hier par le chef de l'État de sa réforme du lycée sont unanimes. De fait, les craintes d'avoir à gérer un nouveau mouvement lycéen et de voir réactivée la grogne des enseignants en cette veille d'échéances électorales auront eu raison de la volonté de Nicolas Sarkozy de réformer en profondeur le lycée.Pourtant, le diagnostic des faiblesses du système est connu : chaque année, ce sont 55.000 lycéens qui quittent le cursus sans le baccalauréat et 80.000 bacheliers qui n'obtiennent aucun diplôme du supérieur sans parler des 28 % d'élèves qui redoublent au moins une fois au lycée et des chances minimes des enfants d'ouvriers d'intégrer les filières élitistes. Pourtant, le chef de l'État s'est étonné hier que, au cours de la Ve République, aucun président n'ait, avant lui, « consacré un seul discours au lycée ». Mais le gouvernement, jouant la prudence, a préféré les « grandes orientations », les « réponses concrètes » aux « attentes concrètes ». La mouture 2008 mort-née de Xavier Darcos, le prédécesseur de Luc Chatel à l'Éducation nationale, est oubliée. six grands axesL'entourage du président réfute d'ailleurs désormais le terme de réforme et évoque « une nouvelle manière d'avancer » plutôt qu'un recul. Dès lors, les six grands axes présentés hier (orientation progressive et réversible, rééquilibrage des filières, accompagnement personnalisé, plan d'urgence pour les langues vivantes, place centrale dévolue à la culture et conquête de l'autonomie) devront être précisés d'ici à la fin de l'année par Luc Chatel (lire « La Tribune » du 13 octobre) pour une application progressive à partir de la rentrée 2010. Le ministre, qui enchaînait déjà les visites depuis cet été, entame donc dès aujourd'hui à Orléans un « tour de France » des lycées pour recueillir les réactions des lycéens, enseignants et parents d'élèves. Plus pénibles seront les négociations avec les syndicats d'enseignants, reçus dès hier, puisque ces derniers, qui attendent toujours des précisions sur la réforme de leur formation et les revalorisations de carrière promises, vont devoir réaménager leur temps de travail et modifier leur pratique. « Énormément de points restent flous, comme la nouvelle répartition des horaires en première et en terminale, l'organisation des stages de réorientation pendant les vacances ou l'autonomie des établissements », remarque Daniel Robin, cosecrétaire général du Snes, qui craint que la réforme de la classe de première soit instrumentalisée pour supprimer de nouveaux postes dans le budget 2011. Car, bien sûr, « la question des moyens va vite se poser », argue Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT. À l'instar du SE-Unsa ou de l'Union nationale lycéenne (UNL), beaucoup craignent que cette « réforme » bute sur cette question et que les suppressions de postes parallèles ne conduisent à des « effets inverses ».
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