Larry Clark ou les regrets d'enfance

À une ou deux érections près (et encore), il n'y a pas de quoi fouetter un voyeuriste. L'exposition des photos de Larry Clark intitulée « Kiss the Past Hello », au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, n'a pas grand-chose, semble-t-il, qui puisse choquer un adolescent. De là à l'interdire aux moins de 18 ans relève plutôt du droit juridique que moral. Les oeuvres de Mapplethorpe ou Nan Goldin sont beaucoup plus violentes et dépassent de loin le cadre des moeurs habituelles sans pour autant être montrées avec restrictions. Passons?! L'oeuvre de Larry Clark est là qui parle d'elle-même. Le photographe aujourd'hui âgé de 68 ans s'est lancé en photographie dans les années 1960, à la manière d'une autobiographie. Le point culminant de sa carrière se situe dans les années 1970 avec des séries telles « Tulsa » et « Teenage Lust ». Clark y montre la jeunesse provinciale issue de milieux populaires, qui refuse le modèle qu'on lui propose, dérivant dans le désespoir. Alors, pour égayer la vie, il y a le sexe et la drogue. Mais c'est surtout la solitude que décrit Larry Clark.Le début de l'exposition surprend. Ce sont les photos d'un bébé avec des petits animaux de compagnie. Ironie?! Ces documents sont l'oeuvre de la maman de Larry. Ouf. La morale est sauve. Et l'insolence à son plus haut degré. Mais cette entrée en matière permet de comprendre que toute l'oeuvre de Larry Clark est ancrée dans un regret d'enfance, d'adolescence. Alors, à travers ses images, il va tenter d'en écrire l'histoire. Ses premiers clichés sont symboliques. Airs blasés, lassitude, indifférence... on sent que le monde tel qu'il est n'intéresse pas ces adolescents, et qu'ils ne se reconnaissent pas en lui. D'où le pas qu'ils franchissent pour s'éloigner de la solitude avec le sexe et la drogue. On sent dans ces photos qu'il y a comme un appel au secours, un besoin d'être aimé. Le témoignage est cru, sans fantasme. D'une vérité qui nous renvoie à nous-mêmes.Hélas les dernières photos de Clark n'ont pas cette même intensité, cette même émotion. On a l'impression que désormais il sent que cette enfance, cette adolescence, il les a perdues à jamais et que même à travers son regard il ne peut plus les retenir.Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, jusqu'au 2 janvier. Tél.?: 01.53.67.40.00. www.mam.paris.fr.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.