La fragile locomotive allemande vit au rythme des aléas du commerce mondial

Le ton de la reprise européenne est donné par la demande mondiale ? Rien d'étonnant alors à voir l'Allemagne en première ligne. Au troisième trimestre 2009, sa richesse nationale a ainsi bondi de 0,7 %. C'est plus que l'Italie et ses 0,6 %, portée aussi par les exportations, et si c'est moins que la petite Autriche qui affiche une croissance trimestrielle de 0,9 %, il ne faut pas oublier que la petite république alpine dépend surtout? de l'Allemagne. Avec des exportations comptant pour la moitié de son PIB, le pays d'Angela Merkel vit au rythme des aléas du commerce mondial. La crise la touche plus fortement que les autres, mais elle profite mieux de la reprise. Or Destatis confirme que la machine repart : non seulement les exportations, mais également les importations et les investissements sont à la hausse. Autrement dit, l'industrie allemande restocke. Mais, il ne s'agit que d'un phénomène de rattrapage : les investissements et les commandes gelés au plus fort de la crise sont finalement débloqués. « Ce rattrapage va vraisemblablement s'achever au début de l'an prochain », pronostique le chef économiste de la Commerzbank, Jörg Krämer. La demande mondiale devrait alors perdre de sa vigueur et l'économie allemande suivra. Si le chiffre de la croissance sur 2010 peut sembler satisfaisant (les « cinq sages » ont hier avancé le chiffre de 1,6 % et certains prévoient une hausse du PIB de 2 % ou 2,5 %), elle ne doit pas tromper. Une hausse de 2 % ne signifie ainsi que quatre trimestres à + 0,3 %, pas plus. « Une reprise avec le frein à main », résume la Commerzbank. « Avec une reprise de 2,5 % en 2010, l'économie allemande n'aura repris que 60 % de sa chute depuis le premier trimestre 2008 », résument les économistes d'Allianz. La crise a laissé des traces, notamment en termes de compétitivité. Hier, Axel Weber, le président de la Bundesbank a estimé que le potentiel de croissance allemand « dans les prochaines années » sera de 1 %, contre 1,5 % auparavant.C'est que l'Allemagne est une locomotive qui ne fonctionne qu'avec le moteur de la demande mondiale de biens d'équipement. Le moteur de la demande intérieure est éteint et ne peut prendre le relais. Déjà, Destatis a prévenu que la consommation des ménages a joué négativement sur la croissance au troisième trimestre. La hausse annoncée du chômage causée par la stabilisation à un bas niveau de la production industrielle devrait encore renforcer le phénomène en favorisant l'épargne et en pesant sur les salaires. Tout plaide donc pour un essoufflement progressif de la locomotive allemande.Romaric Godin, à Francfort
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