La presse quotidienne régionale victime de ses gratuits

PresseLa presse quotidienne régionale a pris un sérieux coup de froid. Et plus précisément les mastodontes que sont « Ouest France », « Sud Ouest » et Groupe Hersant Média, qui avaient tous les trois trouvé avec leurs filiales de presse gratuite ? respectivement Spir, S3G et Comareg ? de juteux relais de croissance. Mais depuis mi-2008, un grain de sable s'est infiltré dans cette machine à cash pourtant bien huilée que représentaient des hebdomadaires comme « Top Annonces », « Paru Vendu » ou « Refleximmo ». C'est à cette période que les petites annonces, qui ont fait le succès de ces titres, ont commencé à les déserter pour migrer vers le Web, et qu'avec la crise le marché de l'immobilier a entamé son retournement. Le marché de l'automobile, gros consommateur de petites annonces, connaît lui aussi une période difficile. Pour Jean-Clément Texier, expert médias et président de Ringier France, le constat est sévère : « Ces groupes avaient une vache à lait qui s'est transformée en boulet de plus en plus lourd. » Sans compter que la presse régionale n'échappe pas au marasme publicitaire et à la baisse des ventes qui affecte les médias.C'est grâce à la Comareg, et le très lucratif « Paru Vendu », que Philippe Hersant a fait renaître son groupe, France Antilles, qu'il a rebaptisé depuis Groupe Hersant Média. Aujourd'hui, le groupe familial est entré dans une période de forte turbulence. En un peu plus d'un an, il s'est séparé de son directeur général, Michel Moulin, et de son président du directoire, Frédéric Aurand. Au vu des résultats financiers, en forte baisse en 2008, Philippe Hersant a voulu reprendre en main le groupe qu'il contrôle avec ses frères. La machine à cash du groupe, le gratuit « Paru Vendu », est tombée dans le rouge et a vu ses recettes reculer de près de 25 % en 2008.Chez Spir, du groupe Ouest France, les têtes aussi sont tombées : nommé président en janvier dernier, Patrick Leleu est remplacé neuf mois plus tard par Louis Echelard, le directeur général du groupe Ouest France. Sur 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires de « Ouest France », la moitié proviendrait de Spir. C'est dire si les 36 millions d'euros de pertes de Spir enregistrés au premier semestre 2009 ne passent pas inaperçus. À « Ouest-France », aussi, ce sont les gratuits qui ont financé en partie la nouvelle imprimerie.avenir incertainLa situation n'est guère plus réjouissante à « Sud Ouest », dont la filiale de presse gratuite S3G est en grande difficulté. C'est pourtant avec les gains de ses hebdomadaires gratuits que le groupe de Bordeaux a fait tomber « Midi Libre » dans son escarcelle fin 2007, pour 90 millions d'euros, ou encore la société de journaux gratuits H3S. Et selon Pressenews.net, S3G serait responsable en 2009 de 95 % du déficit net du groupe, qui s'élève à 25 millions d'euros.Pour Jean-Clément Texier, la situation est explosive : « Trop confiants dans le modèle économique de leurs gratuits, ces groupes n'ont pas su prendre le virage Internet et ont désormais cinq ans de retard sur les pure players du Net. »Résultat : ils se retrouvent tous lourdement endettés ; environ 100 millions d'euros pour « Ouest France » et « Sud Ouest », et 150 millions pour Hersant Média. Alors que l'avenir de ces groupes, qui sont tous trois entre les mains d'acteurs familiaux, semble incertain, la question de l'ouverture de leur capital se pose irrémédiablement. Lors du conseil surveillance de « Sud Ouest » qui s'est tenu le 27 novembre dernier, le président du directoire, Pierre Jeantet, aurait été ainsi mandaté pour trouver rapidement entre 30 et 50 millions d'euros, ce qui pourrait passer par l'arrivée d'un nouvel actionnaire. « Ce n'est pas seulement d'argent frais dont ont besoin ces groupes de presse régionale, mais de l'air du large », estime Jean-Clément Texier. nCes groupes n'ont pas su prendre le virage Internet et ont désormais cinq ans de retard sur les pure players du Net. 
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