Le Japon s'éloigne un peu plus du libre-échange

Jamais je n'ai vu une telle unanimité dans la presse japonaise », s'étonne le politologue vétéran Takao Toshikawa. Quelle que soit leur couleur politique, tous les médias de l'archipel s'accordent depuis des mois pour pousser le gouvernement japonais à participer aux négociations en vue de l'accord « TPP ». TPP, pour TransPacific Partnership, est une association de pays frontaliers de l'océan Pacifique (Nouvelle-Zélande, Chili, Singapour... et peut-être demain les États-Unis et l'Australie, deux importants exportateurs agricoles) désireux de promouvoir le libre-échange entre eux. Elle suppose d'importantes concessions, notamment sur l'agriculture, de la part des participants. Le TPP pose la question du Japon dans la mondialisation. L'archipel signe des accords commerciaux a minima avec des partenaires de second rang (Mexique, Singapour), mais fait pâle figure à côté de son principal concurrent, la Corée du Sud. Celle-ci vient de signer deux accords de libre-échange avec l'Union européenne et les États-Unis, qui la mettent dans une situation très favorable face aux exportations nippones, soumises à des droits de douane importants dans ces deux zones économiques capitales. Dans un tel contexte, les négociations TPP étaient vues comme une occasion historique : « Le Japon sera-t-il capable de s'ouvrir pour la troisième fois, après la restauration Meiji [1868-1912, mettant fin à l'isolement volontaire du pays pour le moderniser, Ndlr] et l'après-guerre en 1945 ? La résolution du pays est mise à l'épreuve », tonnait un récent éditorial du « Yomiuri », principal quotidien du pays.Malgré cette unanimité, le gouvernement de Naoto Kan a décidé de ne pas se joindre aux négociations TPP avant au moins juin 2011, retirant toute possibilité d'influence du Japon. La raison : les lobbys agricoles, qui disposent d'un fort poids électoral, n'en veulent pas. « Si nous entrons dans le TPP, c'en est fini de notre sécurité alimentaire », avertit Okiji Kamiyama, secrétaire général adjoint de l'association paysanne Shokkenren. Le ministre des Affaires étrangères argue en vain qu'il n'est pas raisonnable de laisser le secteur agricole, qui représente 1,5 % de l'économie, prendre en otage les 98,5 % restants, qui souhaitent rejoindre le TPP.
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