Istanbul deviendra demain pour un an la « capitale européenne de la culture », aux côtés des villes d'Essen (Allemagne) et de Pécs (Hongrie). Ce titre prestigieux, qui s'accompagne d'un soutien financier de Bruxelles pour organiser des manifestations culturelles, a été créé pour « rapprocher les peuples d'Europe ». Un chantier de taille étant donné que les deux tiers des Européens considèrent, selon un sondage Eurobaromètre, que « les valeurs de la société turque sont trop éloignées de celles de l'Europe pour que la Turquie puisse rejoindre l'Union ».« un coup d'audace »Michel Rocard préfère voir dans cette décision « un coup d'audace, une excellente chose qui va permettre que l'on se connaisse mieux ». Car selon lui : « Derrière le refus de la Turquie, il y a l'ignorance. » Pour l'auteur de « Oui à la Turquie », les liens culturels sont incontestables : « La moitié des philosophes grecs vient d'Asie Mineure. C'est très largement à la Turquie que l'on doit la reproduction des textes de la civilisation grecque. Il ne faut pas oublier tout cela ! » À l'opposé, l'eurodéputé Jean-Marie Le Pen voit dans cet honneur fait à la Turquie « une escroquerie politique et un scandale ». Bien qu'il soutienne la ligne gouvernementale hostile à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, Pierre Lellouche ne trouve « pas choquant » de voir Istanbul devenir capitale européenne de la culture. « Jadis Constantinople, Istanbul a toujours été un carrefour culturel et religieux entre Orient et Occident », rappelle le secrétaire d'État aux Affaires européennes.Stefan Füle, le futur commissaire européen en charge de l'élargissement, a rejeté cette semaine l'idée française de proposer à Ankara un partenariat privilégié. Il estime qu'il en va de « la crédibilité de l'Union » que la Turquie devienne membre à part entière. « L'adhésion d'une Turquie moderne et réformée sera profitable aux deux parties », a-t-il déclaré.Yann-Antony Noghès, à Bruxelle

latribune.fr

14 Jan 2010, 22:58

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