Ariane 5 va mettre sur orbite un cargo de l'espace de 20 tonnes

Mardi 15 février, 19 h 08 à Kourou, en Guyane, le 200e vol du lanceur européen Ariane emportera le deuxième exemplaire du cargo européen ATV (véhicule de transfert automatique), le « Johannes Kepler » destiné à ravitailler la Station spatiale internationale (ISS). Pour l'occasion, le lanceur lourd Ariane 5 inscrira un nouveau record en transportant une charge légèrement supérieure à 20 tonnes. Le précédent remonte à 2008, pour le lancement du « Jules Vernes », premier exemplaire de l'ATV dont la maîtrise d'oeuvre a été confiée par l'Agence spatiale européenne (ESA) à Astrium (groupe EADS). Une fois le cargo mis en orbite à 260 km d'altitude par une Ariane 5 ES, il sera surveillé par les ingénieurs du Centre national des études spatiales (CNES), basé à Toulouse. Ainsi guidé, il s'arrimera le 23 février à l'ISS. L'opération se déroulera automatiquement à une vitesse de plus de 27.000 km/heure.Le ravitailleur a la taille d'un bus londonien. Durant sa durée d'utilisation, il assumera plusieurs missions. Grâce à sa capacité de propulsion et son emport de quatre tonnes d'ergols, le « Johannes Kepler » pourra retourner la station afin de limiter les risques de collision avec des débris spatiaux. Et surtout, il replacera l'ISS dans son orbite initale en rehaussant la station à 400 kilomètres d'altitude (contre 360 km actuellement). Il ravitaillera les astronautes, qui séjournent six mois à bord de l'ISS. Il leur apportera 7,1 tonnes de fret, dont 850 kg de carburant destinés à la station spatiale, 100 kg de gaz (air, oxygène et azote) et plus de 1,6 tonne de charge sèche, des vivres et des vêtements. La charge du précédent lancement avait été limitée à 4,6 tonnes car il devait, simultanément à sa mission, démontrer la faisabilité de l'opération... qui a été au final un succès complet.Utilisation inattendue du cargoLors de sa mise sous coiffe dans le lanceur, 435 kg de marchandises de dernière minute ont été installés dans un compartiment dédié : denrées périssables et articles personnels envoyés par les proches aux astronautes. Ces derniers ont trouvé une autre utilisation inattendue du cargo. L'endroit étant moins bruyant que la station orbitale, ils viennent donc s'y reposer. Enfin, au terme de trois mois et demi de mission, l'ATV aura une mission moins noble. Il sera rempli des déchets de la station et désarrimé. Il reviendra vers la Terre et se désintégrera dans l'atmosphère durant sa phase de rentrée contrôlée. Le rôle de l'ATV est donc essentiel. De plus, il constitue une vitrine technologique du savoir-faire européen. Au cours des quatre ans nécessaires à la construction d'un ATV, 1.000 ingénieurs ont été mobilisés.Le prochain lancement d'un ATV est prévu dans exactement un an. Il sera baptisé « Edouardo Amaldi », du nom d'un physicien italien mort en 1989. Au total, Astrium est responsable du développement et de la production de 5 ATV. Mais il se tient prêt à porter leur nombre à 6 ou 7 si besoin. « Cela dépendra de la longévité de la station spatiale internationale », qui pourrait techniquement durer jusqu'en 2028, explique le responsable du programme ATV chez Astrium, Olivier de la Bourdonnaye. D'autres options restent ouvertes, comme développer un nouveau véhicule, capable de revenir sur Terre. Héléna Dupuy, à Kourou
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