Et si l'impasse politique italienne faisait baisser les taux...espagnols ?

Les investisseurs seraient-ils rassurés par l’Espagne ? Lors d’une émission de dette à 16, 27 et 28 ans, jeudi, Madrid a placé 803 millions d’euros avec des taux en baisse (respectivement 5,22%, et 5,43%  pour les deux plus longs placements) et une forte demande. Déjà mardi, lors d’émissions à un an, le pays avait obtenu une baisse de ses taux à des niveaux qu’il n’avait plus atteint depuis 2010. “L’oeil noir regarde l’Italie”, commente Dominique Daridan, responsable recherche obligataire chez Aurel BGC. Car de son côté, Rome voit ses taux augmenter lors de ses émissions. Jusqu’à peu, les taux espagnols et italiens étaient fortement correlés. Depuis les élections, le 24 février, la situation politique italienne reste bloquée et aucune perspective ne se dessine pour former un gouvernement.“Un investisseur qui détient des Bund allemands ne va pas les vendre pour des Bonos espagnols. Mais celui qui dispose des bonds italiens les échangera plus facilement contre des bonds espagnols”, indique Dominique Daridan.Une économie dégradée“Les investisseurs perçoivent l’Italie comme une zone à risque à court terme, du fait du risque politique. Ils sont plus enclin à investir sur l’Espagne, parce qu’il y a des défis à moyen et long termes mais moins d’incertitude à court terme”, explique Léa Dauphas, économiste à la Société Générale. “Mais la perception des investisseurs sur l’économie espagnole est erronnée”. Car la situation reste dégradée. Bruxelles prévoit une baisse de 1,4% du PIB en 2013. Comme en 2012. Le déficit public atteindra 6,7% du PIB cette année, au dessus des 6,3% négociés avec Bruxelles. Et “le taux de chômage, supérieur à 25%, va poser problème”, poursuit Léa Dauphas. Des accusations de corruption ont un temps touché le gouvernement Rajoy, mais elles ne semblent plus menacer la stabilité politique pour les marchés. De même que le vote de la Catalogne sur son indépendance, prévu pour 2014.Tout n\'est pourtant pas noir de l\'autre coté des Pyrénées. Sa compétitivité s’est fortement améliorée, avec une baisse des coûts salariaux unitaires. “Des groupes, comme certains constructeurs automobiles, ne cachent pas qu’ils désirent délocaliser ou relocaliser vers l’Espagne”, ajoute Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse. La balance commerciale est dans le vert. “Les fondamentaux sont mieux orientés en Italie qu’en Espagne”, note cependant Léa Dauphas, qui souligne que ses balances primaire et commerciale sont excédentaires.La BCE sauve le toutDe manière générale, la situation s’est améliorée dans les pays du sud de la zone euro, du fait de l’action de la BCE. A la suite de l’annonce de son programme “OMT”, de rachat en illimité d’obligations d’Etat sur le marché secondaire, en septembre, les taux se sont fortement détendus. “A partir du moment où il n’y a plus de risque d’explosion de la zone euro, comme on ne gagne pas vraiment d’argent sur des dettes allemandes ou françaises, on va chercher de la rentabilité sur d’autres dettes”, espagnole, italienne, ou irlandaise, explique Renaud Murail.Jusqu’aux élections italiennes. “Et encore, c’est un beau succès que les obligations italiennes ne soient pas remontées au plafond”, note Dominique Daridan. Jeudi soir, les taux espagnols à dix ans étaient à 4,85%. Ils évoluaient autour de 5,2% avant les élections italiennes. Les taux italiens restent cependant plus faibles, à 4,66%. Soit une vingtaine de points de base de plus qu’avant les élections.>> Pour aller plus loin, découvrez notre rubrique taux
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