Affaire d'espionnage : Renault ridiculisé

L'affaire d'espionnage chez Renault s'est complètement dégonflée lundi. Mais la réunion du conseil d'administration du constructeur a accouché d'une souris. Le PDG, Carlos Ghosn, et Patrick Pélata, directeur général délégué du groupe dont la démission a été refusée, se sont bornés à présenter « leurs excuses et leurs vifs regrets, à titre personnel et au nom de Renault » aux trois cadres mis en cause, qu'ils se proposent de réintégrer ou d'indemniser. Ils se sont engagés « à ce que réparation soit apportée ». Les cadres injustement licenciés, Bertrand Rochette, Matthieu Tenenbaum et Michel Balthazard, ont toujours clamé leur innocence et porté plainte pour dénonciation calomnieuse ou diffamation.« Les comptes bancaires imputés aux cadres de Renault n'existent pas », a affirmé lundi, en début d'après-midi, le procureur de Paris, Jean-Claude Marin. Celui-ci a ainsi confirmé que les demandes d'entraide avec la Suisse et le Liechtenstein avaient montré que les cadres licenciés ne disposaient pas de comptes dans ces pays ! « Ce qui nous a permis sans doute dans un délai extrêmement court de renoncer à un certain nombre d'hypothèses, notamment à celle qui était avancée dans la plainte initiale de la société Renault », a-t-il ajouté. « Nous nous orientons vers une possible escroquerie au renseignement. [...] Il semble que Renault n'a peut-être pas été victime de salariés indélicats, mais éventuellement d'escrocs », a souligné le procureur lors d'une conférence de presse, au lendemain du placement en détention d'un responsable de la sécurité de Renault, Dominique Gevrey, mis en examen dimanche pour « escroquerie en bande organisée ».« L'affaire d'espionnage » avait démarré en août dernier. Mais c'est lors de la mise à pied des trois cadres dirigeants, soupçonnés d'espionnage industriel, début janvier que l'affaire a pris sa dimension publique, politique et médiatique. Dans une interview au « Monde », Patrick Pélata déclarait alors que Renault était victime d'une filière internationale organisée. Selon lui, des informations sur le programme phare du véhicule électrique, avaient pu faire l'objet de fuites. Le 13 janvier, Renault portait plainte contre X « pour des faits constitutifs d'espionnage industriel, de corruption, d'abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée ». L'ex-Régie a d'ailleurs dépensé 310.000 euros pour obtenir des informations, a fait savoir lundi le procureur. À la mi-février, toutefois, les accusations ont commencé à se dégonfler, notamment lorsque « Le Canard enchaîné » a écrit que la commission rogatoire en Suisse sur l'existence d'un prétendu compte bancaire appartenant à l'un des trois cadres n'avait rien donné...Les dégâts pour Renault sont aujourd'hui considérables. L'entreprise automobile et ses dirigeants en sortent profondément ridiculisés. Carlos Ghosn a juste fait part au conseil lundi de « sa décision de renoncer avec Patrick Pélata, ainsi que l'ensemble des cadres dirigeants impliqués, à la part variable de leur rémunération acquise au titre de 2010 et à tout bénéfice de stock-options pour l'exercice 2011 ».
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.