L'Amérique latine résiste à la crise mais reste fragile

Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial, ne cachait pas sa satisfaction à l'ouverture du Forum économique mondial de Carthagène (Colombie), qui s'est tenu du 6 au 8 avril. D'abord parce que cette édition « Amérique latine » a attiré plus de 550 responsables politiques, du monde des affaires et de la société civile dans le joyau architectural de cette ancienne cité coloniale, un afflux record. Ensuite parce que loin du pessimisme qui planait en janvier dans les brumes de Davos (Suisse), il a constaté « la fin de la pire crise économique que le monde a connue depuis longtemps », en particulier en Amérique latine, qui « sauf imprévu » devrait connaître une reprise en V. De fait, c'est la première fois que le continent réagit face à une crise de cette ampleur grâce aux politiques contracycliques adoptées sous forme de plans de relance et de baisse de la fiscalité par des dirigeants bien inspirés. Alors que la croissance économique mondiale devrait afficher un taux de 1,7-1,8 % cette année, le continent sud-américain devrait lui connaître un bond de 3 % à 4 %. « 2010 a été une année bien meilleure que ce que l'on pouvait imaginer, notamment en Amérique latine, où l'on voit la reprise dans de nombreux secteurs », considère Guillermo Ortiz, professeur et ancien gouverneur de la banque centrale de Mexico. Toutefois, il s'inquiète « de la faible reprise dans les économies développées ». Une situation qui pourrait être préjudiciable aux économies du continent latino-américain, dépendantes des exportations. Le cas du Mexique est emblématique : 80 % des exportations sont des produits manufacturés, et 80 % sont à destination du voisin du Nord, les États-Unis.Pour éviter de retomber dans le marasme, Guillermo Ortiz préconise de « profiter des prix élevés des matières premières pour reconstituer les fonds utilisés dans les politiques de relances ». D'autres réformes doivent être également menées à bien. Alejandro Werner, sous-secrétaire aux Finances du Mexique, souligne la nécessité « d'investir dans l'éducation », citant en exemple la Chine, qui y consacre 4 % de son PIB. D'autres intervenants pointent la nécessité de libéraliser les marchés intérieurs et réformer ceux du travail. Une urgence pour convaincre que le modèle libéral permet de réduire concrètement les inégalités. « De larges parties de la population du continent sont déçues par la mondialisation et par les institutions démocratiques », avertit Guillermo Ortiz. Et elles pourraient être séduites par un pays voisin : le Venezuela de Hugo Chavez, parfait contre-exemple aux yeux de nombre de participants du Forum. R. J., à Carthagène
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.