Introduction en Bourse record de Glencore, géant minier de l'ombre

Ce sera la plus importante introduction en Bourse de l'histoire britannique. Après des années d'hésitations et plusieurs mois de rumeurs, Glencore a confirmé officiellement ce jeudi son introduction en Bourse à Londres et à Hong Kong, pour une valorisation voisine probablement de 60 milliards de dollars. L'entreprise sera ainsi la première en 25 ans à entrer directement au FTSE 100, l'indice phare de la Bourse de Londres.Ce géant minier est pourtant méconnu, étant toujours resté volontairement d'une discrétion extrême. L'entreprise est toutefois incontournable dans son domaine : elle est le premier fournisseur mondial de la plupart des métaux et minéraux, notamment dans le zinc, le cuivre, le nickel ; le troisième fournisseur de pétrole au monde ; un des premier exportateurs de graines d'Europe, de Russie et d'Australie. Glencore possède des participations dans des dizaines de mines à travers le monde, sans compter ses 34 % de Xstrata, un autre géant minier suisse coté à Londres, et ses 8 % de Rusal, le premier producteur mondial d'aluminium. Pourtant, ce ne sont pas ces actifs qui font vraiment la force de Glencore. L'entreprise est avant tout un trader, qui vend et achète des matières premières, et en effectue une partie du transport. Ses 2.700 traders, basés en partie à son siège suisse du petit village de Baar, représentent le coeur du réacteur. Et, jusqu'à présent, 485 d'entre eux en étaient les propriétaires.Xstrata en ligne de mireL'entreprise a été fondée par Marc Rich, un milliardaire américain très controversé - il était accusé par les États-Unis d'évasion fiscale et de commerce illégal avec l'Iran, avant d'être gracié par Bill Clinton au dernier jour de son mandat. Courtier de formation, l'homme a installé en 1974 dans le canton de Zoug, en Suisse, une petite équipe de quatre personnes pour travailler au négoce du pétrole et des minerais. Glencore s'est ensuite rapidement diversifié en prenant des participations dans des mines à travers le monde. Cela lui permet d'avoir accès directement aux matières premières qu'il commerce, réduisant ainsi les risques d'approvisionnement. L'an dernier, un peu plus de la moitié de son bénéfice venait de son activité minière, dépassant l'activité de courtage.Le problème est que cette politique d'acquisition coûte cher, et que Glencore est déjà fortement endetté. C'est dans cette logique que la firme, qui a toujours voulu éviter la publicité, a choisi l'introduction en Bourse. Elle a annoncé jeudi qu'elle utilisera une partie de l'argent ainsi levé pour porter à 93 % ses parts dans Kazzinc, des mines d'or et de cuivre au Kazakhstan dont elle possède déjà 50,7 %. Et elle sera désormais à la tête d'un trésor de guerre pour accélérer encore les acquisitions. Ivan Glasenberg, le directeur de Glencore, indiquait la semaine dernière qu'il pourra ainsi faire des acquisitions de 4-5 milliards de dollars, plutôt que 1-2 milliards jusqu'à présent. À terme, le plus gros deal pourrait être celui de Xstrata. Ivan Glasenberg affirme qu'il souhaite que l'opération se fasse, même si les négociations n'ont pas encore commencé.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.