Après les J.O, retour à la réalité pour le Royaume-Uni

Dimanche soir, les Jeux Olympiques se sont terminés dans l\'euphorie pour le Royaume-Uni. Le pays finit troisième au tableau des médailles : 65 en tout dont 29 en or. Ce sont les plus beaux résultats des Britanniques depuis plus d\'un siècle. Le Royaume-Uni est alors plus occupé à compter ses médailles que ses dépenses. Selon un sondage ICM publié dimanche dans le Guardian : 55% des Britanniques considèrent que les JO « valaient » leurs coûts. Seulement 35% estimaient au contraire qu\'une telle dépense constituait une folie financière.Triplement du budgetLes J.O. de Londres 2012 ont en effet coûté 9 milliards de livres soit 11,5 milliards d\'euros aux pouvoirs publics. C\'est le triple de ce qui avait été prévu lorsque Londres avait été choisie il y a 7 ans. Le 6 juillet 2005, le comité « London 2012 » présentait en effet au Comité international olympique un budget prévisionnel de 2,4 milliards de livres. Le gouvernement avait alors promis des Jeux « prêts en temps et en heure et conformes au budget prévu ».L\'addition aurait pu être beaucoup plus salée sans la manne des sponsors. Le Comité d\'organisation des J.O. de Londres (Locog) a conclu des accords avec une quarantaine de sociétés, dont Adidas, EDF ou British Airways, pour 894 millions d\'euros.Au regard du coût que les jeux représentent pour les Etats, le Comité international olympique reconnaît bien volontiers que « le parrainage est crucial pour le déroulement réussi des Jeux ». Il remonte aux Jeux de Los Angeles en 1932, sponsorisés par Coca-Cola. Mais la révolution a vraiment eu lieu dans les années 80. Patrick Clastres, auteur du livre « Jeux Olympiques, un siècle de passions » explique à l\'AFP qu\'il s\'agissait alors « d\'éviter la disparition des J.O., dont le financement coûtait trop cher aux villes hôtes ».Est-ce bien différent actuellement ? Le gouvernement britannique veut lui croire à des retombées financières considérables.Le gouvernement espère relancer l\'économieLe gouvernement assure aux Britanniques que les J.O. rapporteront 13 milliards de livres (16,5 milliards d\'euros). Il sous-entend ainsi que cela rapportera plus que cela n\'a coûté. Le Premier Ministre David Cameron s\'est montré très actif sur le terrain de la « diplomatie commerciale ». Il a beaucoup vanté les mérites des entreprises britanniques aux chefs d\'entreprises venus à Londres à l\'occasion des J.O. Il espère ainsi relancer une économie frappée par la récession.La Banque d\'Angleterre (BoE) ne prévoit en effet pas de croissance pour l\'économie cette année. La coalition gouvernementale Tories-\"lib-dem\" se déchire. Et un énième scandale bancaire a cette fois frappé Standard Chartered.Les experts sont sceptiquesPourtant, les rêves d\'une relance économique par les J.O. ne font pas l\'unanimité chez les spécialistes. Selon Mervyn King, l\'actuel gouverneur de la Banque d\'Angleterre, interrogé par le Guardian, « en propageant le bonheur et l\'allégresse, les jeux nous ont tous fait sentir mieux. Et, qui sait, la confiance engendrée pourrait bien être un stimulant pour l\'économie. Mais, en définitive, les jeux ne peuvent pas modifier la situation économique à laquelle nous devons faire face ».Certains économistes estiment que les J.O. devraient permettre à l\'économie de connaître une rapide croissance pendant trois mois, mais l\'effet va ensuite disparaître. Il est en effet très difficile de prédire l\'impact olympique à plus long terme.Georgios Kavetsos de la London School of Economics, interrogé par l\'AFP, considère que « nous passons tous un bon moment, mais comme après chaque lendemain de fête, on aura la gueule de bois ». Il ajoute que « les méga-événements du type J.O. ne doperont pas de façon significative les indicateurs importants comme la croissance économique, le tourisme, l\'emploi ou les salaires ».Les commerçants mécontentsSur le terrain, les commerçants lui donnent raison.Dans le centre de Londres, ils n\'ont pas vu arriver la manne touristique promise. Dans Soho, la propriétaire de la Maison Bertaux, « plus vieille pâtisserie de Londres » déplore à l\'AFP : « Si l\'on compare à l\'année dernière, et c\'est vrai pour tous les types de commerces, les gens ne viennent pas, qu\'il s\'agisse des Londoniens ou des touristes olympiques ». Pour les commerçants, la désaffectation s\'explique par la campagne de communication alarmiste menée par la mairie et Transport for London (l\'organisme gérant les transports en commun de la capitale). Depuis des mois, ils déconseillent aux usagers les endroits les plus fréquentés du centre ville, dans la crainte d\'une congestion du réseau.Les J.O. : une publicité pour la villeSelon Jace Tyrrel, responsable de la société privée New West End Compagny, interrogé par le correspondant à Londres de La Tribune le phénomène n\'a rien d\'étonnant. Pour lui, « Nous savions tout cela : le même phénomène de désaffectation s\'est produit à Atlanta, Sydney, Athènes et Pékin. Les retombées seront surtout visibles sur le long terme car en termes de publicité pour la ville, les J.O. s\'avèrent formidables ».L\'image de la ville et du pays est grandement améliorée, alors que nombreux sont ceux qui restaient sur des événements négatifs avec les émeutes urbaines de l\'été dernier. Les J.O. ont également permis de réhabiliter Stratford où a été installé le village olympique. C\'était jusqu\'il y a peu l\'un des quartiers de l\'est londonien les plus pauvres, isolés et pollués de la ville. Le village va être reconverti en appartements qui seront vendus l\'an prochain. Le quartier est désormais parfaitement relié au reste de la capitale et abrite le plus grand centre commercial d\'Europe.En revanche, le comparatif avec les Jeux Olympiques d\'Athènes en 2004 semble bien malheureux. Ils auraient en effet largement contribué à augmenter la dette publique de la Grèce. Leur coût s\'élevait à 9 milliards d\'euros dont 7,2 milliards payés par l\'Etat.Une chance pour stimuler le développement économique pour le BrésilMais l\'optimisme sur les retombées financières de l\'événement sportif n\'est pas perdu par tous. Luis Fernandes, le vice-ministre des Sports brésilien, a déclaré ce lundi lors d\'une conférence de presse au lendemain du passage du flambeau de Londres à Rio : « Nous sommes un pays en développement, pour qui les jeux Olympiques constituent une chance de stimuler le développement économique, à travers les investissements dans les infrastructures ». Il espère : « le retour sur investissement pour le pays est énorme. Ce sont des infrastructures qui vont stimuler le développement pour plus d\'une génération ». 
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