Avoir des exemples de réussite féminine comme modèles, c'est...

Avoir des exemples de réussite féminine comme modèles, c'est souvent ce qui manque aux femmes. Elles ne pourront que se sentir inspirées par ces deux «?success stories?», l'une individuelle, l'autre à l'échelle d'une nation. Celles qui donnent l'exempleSes ennemis disent d'elle que là où elle est passée, aucune herbe ne poussera plus... Beaucoup de légendes circulent autour de Dong Mingzhu, présidente de Gree, premier fabricant de climatiseurs dans le monde?: elle n'a pas pris de vacances depuis vingt ans ; elle s'est mis à dos son frère pour ne pas l'avoir fait bénéficier de tarifs préférentiels?; son plus jeune fils devait prendre les transports en commun comme tout le monde. Toutes sont vraies. Même à l'intérieur de l'entreprise, sa réputation parmi les salariés la précède. «?On dit qu'elle est très exigeante, dure et inflexible?», raconte une nouvelle recrue qui ne l'a pas encore rencontrée. «?C'est très difficile de travailler avec elle. Elle ne pardonne pas la faute?» selon une autre, qui est quotidiennement à ses côtés. Pourtant, en la voyant, petite, délicate, sourire aux lèvres et yeux pétillants, rien ne laisserait penser que c'est elle qui fait tourner et trembler l'empire Gree. «?Sous prétexte que je suis une femme d'affaires, on s'imagine que je suis grande, masculine et méchante?», sourit-elle. Rien n'est moins vrai. Dong Mingzhu est la féminité incarnée et ne laisse rien transparaître de sa froideur légendaire devant les visiteurs.Ce qui est vrai, c'est son exigence envers elle-même - «?Je ne me trompe jamais. Je ne peux pas me le permettre?», dit-elle - et envers ses salariés, qui sont renvoyés à la moindre faute. Et c'est, selon elle, cette exigence qui a fait de Gree - à l'origine, la société, fondée en 1990, n'était qu'un petit producteur provincial de climatiseurs - l'un des champions industriels de la Chine actuelle. À terme, madame la PDG entend produire le meilleur climatiseur du monde.Rien ne prédestinait pourtant Dong Mingzhu à devenir l'une des femmes les plus influentes de Chine et l'une des plus riches du monde. Elle vient d'un milieu modeste. Et entre chez Gree par la petite porte en 1990, dans le département des ventes. Elle monte les marches une à une, jusqu'au poste de présidente, qu'elle décroche en 2001. Enfant, afin d'«?aider mon prochain et d'être responsable au sein de la société?», elle rêvait de devenir soldat ou institutrice. Elle ne sera ni l'un, ni l'autre. Mais elle n'a jamais perdu son désir d'être utile et redevable à la société, des valeurs qu'elle tient de ses parents. Elle finance des écoles pour les défavorisés, crée une fondation pour scolariser les enfants de ses employés et vient de donner 100 millions de yuans (plus de 11 millions d'euros) pour les sinistrés du tremblement de terre d'avril dernier dans la province du Qinghai. Ses employés sont mieux payés que ceux de ses concurrents et elle a fait construire pour eux des logements sociaux : des lotissements avec appartements entièrement équipés, piscine de 25 mètres et terrains de sports. Le tout pour moins de 50 euros de loyer par mois. Ils la plébiscitent.Ce n'est pas tant l'argent qui la motive que, justement, cette volonté d'être reconnue pour ce qu'elle fait par la société. «?La valeur d'une personne ne dépend pas de son compte en banque, mais de ce qu'elle donne et reçoit en retour?», assure-t-elle. Depuis son arrivée à la tête de Gree, elle lutte - souvent contre tous - pour faire de l'entreprise un modèle d'intégrité. Elle refuse le système des guanxis («?les relations?») sur lequel est basé tout le monde des affaires en Chine. De même, elle révolutionne le marketing et la vente de ses produits. La lutte n'a pas toujours été facile. «?Les gens n'ont pas compris mes choix. Ils pensent que je suis froide parce que je ne favorise pas mes amis.?»Après vingt ans d'efforts, la reconnaissance tant souhaitée est au rendez-vous. Elle a écrit deux livres, qui sont tous deux des best-sellers, un feuilleton télévisé a été fait sur sa vie et elle a été deux fois élue au Parlement. Dans l'entrée de l'entreprise sont exposés les différents prix d'excellence décernés par les autorités. Elle est citée dans les écoles comme exemple et, selon certains, elle serait même devenue une héroïne nationale... «?J'ai dû beaucoup sacrifier pour casser les règles tacites de la Chine traditionnelle (...) et pour faire de Gree ce qu'elle est devenue?», conclut-elle. Le mot «?sacrifice?» revient plus d'une fois dans la conversation. Elle a tout donné pour cette entreprise qu'elle considère comme son oeuvre personnelle. Ses employés n'hésitent pas à dire que c'est «?son enfant?». Après le décès de son mari, son fils, lui, a été élevé par ses grands-parents, à Nanjing. à la question?: «?Quelles sont les personnes qui vous ont influencées ou vous guident???» Elle répond?: «?Je suis mon propre exemple. Et j'espère que c'est moi qui sert de modèle aux autres.?» Virginie Mangin, à Pékin La conquérante de l'ex-empire du MilieuDong Mingzhu est une abonnée des listes des femmes les plus riches du monde et des plus influentes de Chine. Patronne de choc des climatiseurs Gree, elle a su imposer son style loin des repères traditionnels.
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