Le gouvernement japonais plus divisé que jamais

Le Japon ne connaîtra pas une nouvelle crise politique. Le Premier ministre Naoto Kan a conforté mardi sa position en remportant l'élection interne à son parti, le Parti démocrate du Japon (PDJ) au pouvoir, pour le poste de secrétaire général. Son adversaire, Ichiro Ozawa, a mordu la poussière. Malgré des appuis solides parmi les élus du parti, qui représentent les deux tiers du vote, ce dernier a été clairement rejeté par la base. S'il avait remporté le scrutin, Ichiro Ozawa aurait été le troisième Premier ministre du pays en un an. Pour les observateurs de la complexe vie politique japonaise, il aurait surtout accéléré le déclin du pays, en renouant avec le clientélisme de l'ancienne génération. Malgré sa victoire, Naoto Kan demeure fragile. La campagne interne a divisé son parti, noyau d'une coalition qui vient au surplus de perdre la majorité aux élections sénatoriales de juin. DémotivationIl y a un an, ses troupes remportaient les élections législatives, créant une alternance inédite au Japon. À l'époque, tout semblait possible. Aujourd'hui, le pays n'y croit plus. Pilonné par la presse la plus impatiente qui soit, ligoté par l'hyperparlementarisme qu'est le Japon, le gouvernement semble comme paralysé. Il vient de faire voter un énième plan de relance, mais il sait que les finances publiques, avec une dette brute à 200 % du PIB, sont dans un état calamiteux. Il voue aux gémonies le yen fort, qui menace sa croissance entièrement dépendante des exportations, sans régler aucune des causes structurelles qui sous-tend l'appréciation du yen (absence de mouvements de capitaux, maintien des taux zéro qui encouragent la déflation...). « La prochaine crise sera fiscale », prédit l'analyste Laurent Halmos, de la société de gestion PIM. Le pays sera incapable de faire face à ses engagements, et devra aller à l'étranger chercher de nouveaux investisseurs. Il devra donc remonter les taux, amenant à la faillite les entreprises les moins performantes et à la modernisation de l'économie, estiment en choeur les économistes qui observent le Japon. Aucun homme politique ne semble les écouter. Régis Arnaud, à Tokyo
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