Les présidents de France Télévisions changent. Ceux des télévisions privées restent constants à dénoncer les avantages dont bénéficierait la télévision publique à leur détriment. Alors que la publicité télévisée est repartie à la hausse, Nonce Paolini, le PDG de TF1, a sonné la charge lundi sur Europe 1 d'abord, puis mardi dans les colonnes des « Echos ». Selon lui, les chaînes de France Télévisions ont « diffusé avant 20 heures, en 2010, plus de publicité en journée qu'en 2008 sur toute la journée. » Ainsi, l'effet d'aubaine de la suppression de la pub en soirée sur le service public depuis janvier 2009, qui devait jouer en faveur des chaînes privées et justifiait l'instauration d'une taxe sur leurs recettes publicitaires, a profité... à France Télévisions. La taxe doit être supprimée. CQFD. Prix du point d'audienceDe fait, en volume, avec près de 2,53 millions de secondes de publicités diffusées sur les chaînes publiques entre janvier et aôut 2010, contre 2,4 sur la même période 2008 (données Kantar Media), France Télévisions (hors France 4) semble gagnante. En recettes brutes toutefois, le groupe public enregistre une baisse de près de 120 millions d'euros. Mais en 2008, France Télévisions avait subi une forte baisse de ses recettes - un an avant les chaînes privées. Par rapport à 2007, France 2, 3 et 5 ont perdu près de 17 % de volume publicitaire, quand TF1 en a gagné 16 % et M6 7,8 %. La perte en volume pour France Télévisions est bien moindre, si l'on inclut France 4, sur laquelle le nombre de spots a presque doublé depuis 2007, porté par la croissance de l'ensemble des chaînes de la TNT. Nonce Paolini accuse aussi le groupe public de « dumping », vendant son point d'audience en journée 60 % moins cher que les chaînes privées. S'exprimant sur le tarif brut, avant remises commerciales, l'argument force le trait. Rémy Pflimlin, PDG du groupe public, assure lui que le prix du point d'audience sur la cible des ménagères de moins de 50 ans - le coût GRP en jargon publicitaire - est même supérieur de 2 % à celui de TF1 et de 30 % à M6. Pour Philippe Nouchi, directeur de l'expertise média de Reload (groupe Vivaki-Publicis), « en tarifs nets, les niveaux de coûts GRP sont comparables en journée sur France Télévisions et sur les chaînes privées ». ParrainageQuant au parrainage, dont Nonce Paolini pointe l'explosion de 33 % en brut après 20 heures sur les chaînes publiques, et demande la suppression, Rémy Pflimlin indique que son chiffre d'affaires après 20 heures est passé de 33,5 millions d'euros en 2008, à 29,8 millions en 2009 et 16,8 millions à fin juin 2010. L'enjeu de cette bataille de chiffres est loin d'être anodin. Malgré le retour de la croissance, ni la chaîne M6, ni TF1 n'ont retrouvé début 2010 le niveau de leurs recettes publicitaires de 2008, avant la récession. La taxe qu'elles ont toujours combattu et dont elles ont obtenu la réduction de 3 à 0,75 % de leur chiffre d'affaires publicitaire, reste en place. Certains parlementaires qui s'apprêtent à voter un maintien de la publicité en journée sur France Télévisions au delà de 2012, pensent à prolonger ce taux réduit. Mais TF1 et M6 veulent une suppression pure et simple. Côté parrainage, si Rémy Pflimlin se dit prêt à accepter une limitation de sa durée, il note que sa suppression, proposées par certains sénateurs, poserait des difficultés par exemple lors de la retransmission d'événements sportifs parrainés par des marques. Un autre curseur est sous pression. L'État va ajuster, en fonction des besoins du groupe mais aussi de ses performances publicitaires, la compensation au retrait de la publicité après 20 heures au budget 2010 de France Télévisions, initialement votée à 450 millions d'euros. Une discussion entre la tutelle et le groupe... a priori sans lien avec les coups de gueule des chaînes privées.

latribune.fr

19 Sept 2010, 21:52

Partager :