Stéphane Richard affiche la rupture à France Télécom

ReportageCe matin, Stéphane Richard, le nouveau numéro deux de France Télécome;lécom, est à Marseille. Une visite d'urgence au lendemain de la tentative de suicide d'un salarié du groupe. Hier, le directeur général adjoint en charge des opérations en France était à Lens pour rencontrer les 200 managers de la division territoriale Nord, qui regroupe plus de 7.000 salariés. Lundi, il sera à Toulouse. Et dans quelques semaines, à La Réunion et aux Antilles. Des réunions programmées de longue date mais qui prennent une dimension plus solennelle avec la multiplication des suicides.Depuis son arrivée précipitée la semaine dernière à la direction des opérations françaises, Stéphane Richard consacre l'intégralité de son temps à la gestion de la crise « sociale exceptionnelle, car intime » que traverse France Télécome;lécom. Une entrée en matière « douloureuse, difficile, totalement inimaginable au printemps dernier lorsque, avec le président Didier Lombard, nous avons établi le plan de succession à la tête du groupe », reconnaît Stéphane Richard. Programmé pour s'occuper des affaires internationales pendant deux ans, le voilà au c?ur d'une « épreuve dont France Télécome;lécom doit nécessairement sortir par le haut, en réinvestissant dans les ressources humaines, sans quoi il existe un vrai risque de cassure du modèle économique », ne cache pas l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde.remise à platDerrière un ton mesuré, la rupture avec l'ancien directeur général adjoint, Louis-Pierre Wenes, écarté début octobre, est affichée. « Il n'y a aucune ambiguïté sur ce point. Didier Lombard assume aussi pleinement cette rupture », affirme Stéphane Richard pour couper court à toute interrogation sur d'éventuelles dissensions avec le PDG qui, pendant quatre ans à la tête de l'opérateur, a appuyé les méthodes, « brutales » selon certains, de Louis-Pierre Wenes. « À court terme, la priorité est de déminer tous les sujets pour réduire au maximum les risques de nouveaux actes individuels », insiste Stéphane Richard. Les mutations ont été gelées jusqu'à la fin de l'année. Les plans de regroupement de sites seront « examinés au cas par cas avec discernement », promet le dirigeant. Mais après « cette respiration nécessaire, tout devra être remis à plat », prévient Stéphane Richard. « Car au-delà des drames, se cache une crise plus invisible, née de la politique de réduction des coûts mise en place en 2003 pour sauver le groupe de la faillite », note l'un des bras droit de Stéphane Richard. Aujourd'hui, pour tenir au maximum les dépenses, tout est centralisé. « Nous ne pouvons pas organiser un simple repas d'équipe de fin d'année », se plaint un directeur régional pour montrer à quel point la machine France Télécome;lécom a broyé l'individu. « Avant, j'avais le sentiment d'avoir un vrai métier », ose, devant Stéphane Richard, un salarié du groupe récemment muté du terrain à un bureau de planification des interventions techniques. « Pas de formation », « l'impression qu'une personne travaille et que dix autres la fliquent », « on n'a même plus besoin de réfléchir, l'outil fait tout », diront ses voisins de plateau.Stéphane Richard promet donc plus d'autonomie, de convivialité, de collégialité, plus d'écoute aussi, alors que des premiers signes de dégradation du climat social n'ont pas été correctement pris en compte ces derniers mois, selon lui. « Mais il faut parvenir à surmonter cette épreuve sans perdre l'essentiel, la performance de l'entreprise, même si les résultats des dernières semaines sont au rendez-vous », prévient le dirigeant. « Car pendant ce temps-là, il faut faire tourner la boutique », souffle un cadre, inquiet. « Je sais la pression qui pèse sur vos épaules », reconnaîtra Stéphane Richard. nIl faut surmonter cette épreuve sans perdre l'essentiel, la performance de l'entreprise, même si les résultats des dernières semaines sont au rendez-vous ».
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