La Russie mesure son déclin démographique

« Si vous saviez comment la vie battait son plein il y a une quarantaine d'années, quelles fêtes on célébrait ! », explique à l'AFP Vassili Egorov, 70 ans. Rien ne reste de cette époque, sinon le vieil homme et sa femme Galina, les deux derniers habitants de Tchekanovo. Le village n'est pourtant pas perdu au coeur de la Sibérie. Il se situe à mi-chemin entre les deux principales villes russes, Moscou et Saint-Pétersbourg. La Russie se dépeuple rapidement. Elle compte environ 142 millions d'habitants alors qu'ils étaient encore 148 millions en 1991, année du démembrement de l'Union soviétique. Un recul qui s'explique par l'augmentation de la mortalité, le nombre élevé des avortements et une natalité en berne en raison des difficultés économiques. Les 650.000 agents du recensement qui sillonnent le pays depuis jeudi vont permettre de prendre la mesure exacte du phénomène. Les résultats de ce recensement, le premier depuis 2002, ne seront toutefois pas publiés avant mars 2011. Le recensement permettra de prendre la mesure des mouvements internes de population. Les citoyens ont toujours besoin, en 2010, d'une autorisation pour changer de ville. Plusieurs millions de Russes sont ainsi installés à Moscou sans avoir obtenu la précieuse « propiska ». Cette inscription du lieu de résidence dûment tamponnée dans le passeport intérieur est l'unique clé à une existence bureaucratique et aux droits qu'elle procure. recensement confidentielÀ ces citoyens russes sans résidence officielle, il faut ajouter les immigrés des anciennes républiques soviétiques qui se montrent réticents à donner des informations. La tâche s'annonce difficile, dans la mesure où les Russes sont peu enclins à communiquer des renseignements personnels, redoutant qu'ils ne soient utilisés par des escrocs. Dans les régions, les grandes villes sont également tentées de gonfler les chiffres pour que la population reste égale ou supérieure à un million d'habitants. Ce seuil a des répercussions sur les dotations en financement et les salaires des fonctionnaires.En raison de ces craintes, les autorités russes ont renoncé en 2002 à demander aux habitants de décliner leur identité, une initiative critiquée par des experts. « Le recensement devrait être confidentiel, mais pas anonyme » si l'on veut des résultats fiables, estime le démographe Anatoli Vichnevski. Mais la défiance à l'égard de l'administration est telle qu'il était impossible de faire autrement. Xavier Harel
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