À Haïti, les secours s'organisent face au chaos

Agir vite dans ce véritable pandémonium qu'est devenu Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, tel était le casse-tête des responsables des secours vendredi. La population sinistrée n'avait en effet pas encore reçu l'aide internationale qui afflue de nombre de pays, après le tremblement de terre qui a ravagé jeudi la capitale et ses environs. « Les premiers défis à relever sont d'ordre logistique. Les Américains ont pris le contrôle de l'aéroport mais celui-ci se révèle sous dimensionné pour accueillir l'ensemble des vols. L'acheminement des secours se pose avec d'autant plus de difficultés que le principal port d'Haïti a été fortement touché par le séisme. Il est impossible de transporter des volumes importants d'aide alors que les populations commencent à souffrir de soif et de faim. Il n'est pas possible d'approvisionner 2 millions de personnes par avion », estime Serge Michailof, enseignant à Sciendes po, ex-directeur des opérations à la Banque mondiale. Selon l'ONU, 300.000 personnes sont sans abri dans la capitale, peuplée de 2,8 millions d'habitants, et un grand nombre des corps des victimes ? 50.000 selon l'ONU ? jonchent les rues, faisant craindre des épidémies dans les prochains jours. Au total, 2 millions de personnes ont besoin d'aide, notamment d'eau potable, de nourriture et de médicaments. « Un goulot d'étranglement va se former pour entrer dans Port-au-Prince, une ville construite pour une large part à flanc de montagne, hors de son centre historique. En temps normal, le trafic est déjà congestionné. Il faut souvent des heures pour atteindre les sommets de la ville. Après l'effondrement des immeubles et des maisons, toute circulation est rendue impossible. Il faut donc des moyens aéroportés, comme des hélicoptères, pour atteindre les gens et leur distribuer eau, nourriture et médicaments », explique François Grunewald, directeur général de l'Institut Urgence Réhabilitation Développement (URD). L'aéroport de Port-au-Prince, qui ne compte qu'une piste, est en effet saturé par le nombre d'avions débarquant équipes et matériels d'urgence. Depuis jeudi, une trentaine de pays se sont rapidement mobilisés pour envoyer une aide d'urgence. L'Espagne, la Russie, l'Allemagne, le Chili et Israël ont envoyé des hôpitaux de campagnes et des équipes de médecins. La Pologne, l'Irlande, le Canada, le Royaume-Uni, l'Islande, le Brésil et nombre de grandes villes américaines ont dépêché des équipes de sauveteurs pour aider les équipes françaises, chinoises, américaines et dominicaines déjà à pied d'?uvre pour retrouver et extraire nombre de victimes coincées sous les décombres. Après 72 heures, les chances de survie diminuent considérablement.L'ONU a annoncé vendredi avoir reçu un engagement financier total des pays et des institutions internationales d'un montant de 285,5 millions de dollars. Elle estime à 550 millions de dollars l'aide d'urgence. À cela, il faut ajouter les dons personnels, difficiles encore à évaluer, mais qui s'annoncent importants grâce à un élan de solidarité internationale envers la population d'un pays les plus pauvres de la planète favorisé par les réseaux sociaux et les versements en ligne. Appel d'urgence via YoutubAinsi, l'ONG Oxfam a indiqué avoir récolté plus de 55.000 dollars après avoir posté sur Youtube un appel d'urgence expliquant la situation. Aux États-Unis, via la composition d'un numéro sur mobile permettant de verser 10 dollars, 1,7 million de dollars ont été recueillis en quelques heures. Sans compter les grandes entreprises : Google va débloquer 1 million de dollars et Citigroup 2 millions de dollars.Les États-Unis, où vit une forte communauté émigrée haïtienne, sont en première ligne. Outre l'envoi d'un porte-avions et d'autres bâtiments de marine, l'état-major a indiqué que lundi, 10.000 soldats seront sur place. Le président Barack Obama en a fait un enjeu : « C'est un moment important pour le leadership américain », a-t-il déclaré vendredi précisant que la puissance des États-Unis ne doit pas être utilisée « seulement pour notre propre intérêt mais pour celui de l'ensemble du monde ».
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