Croissance : la France loin du podium européen

Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me rassure... Ou pas. Mardi, c'était jour de statistiques à travers toute la zone euro. L'occasion pour chaque économie de s'étalonner vis-à-vis de ses voisines. Une fois encore, le match France-Allemagne tourne à l'avantage de la seconde qui a signé l'an dernier une croissance de 3,5%, soit deux points de plus que la France, Il est vrai que l'Allemagne avait reculé bien plus que l'Hexagone en 2009 (lire l'interview ci-dessous).Plus généralement, classée dans le ventre mou de la classe européenne, l'économie hexagonale a fait en 2010 un peu moins bien que la moyenne de la zone euro. Avec une croissance de 0,3 % au quatrième trimestre, le PIB français affiche une progression de 1,5 % quand la zone signe une hausse de 1,7 %. De quoi relancer les débats sur la convergence des politiques économiques (lire page 4)...Christine Lagarde a trouvé un coupable pour expliquer cette médiocre performance de fin d'année. « La période de grèves du mois d'octobre a eu un effet plus dépressif sur la croissance que ce qu'on anticipait », a commenté la ministre de l'Économie. Selon elle, les secteurs affectés par les grèves contre la réforme des retraites, comme les raffineries, n'ont pas forcément redémarré leur activité par la suite et ont préféré puiser dans leurs stocks déjà constitués. De fait, les chiffres de l'Insee montrent une contribution très négative des stocks au troisième trimestre (? 0,8 %) quand, comme à l'accoutumée, la consommation des ménages a parfaitement joué son rôle de moteur principal de l'économie française. Ce qui n'est pas sans risque tant le retour de l'inflation, la hausse des prélèvements obligatoires et l'éventuelle remontée des taux d'intérêt risquent de peser sur le porte-monnaie des Français.De plus, si la croissance française déçoit, c'est aussi parce que, ces dernières semaines, l'exécutif a laissé monter dans l'opinion l'idée que le résultat pourrait finalement être meilleur que les prévisions. Il n'en est rien. Pour le gouvernement, la confirmation que la reprise manque de tonus recèle plusieurs écueils.D'une part, ce scénario de croissance molle ouvre la porte aux questions récurrentes sur la révision ou non des prévisions d'activité. Dès mardi, Christine Lagarde a indiqué espérer que le premier trimestre de 2011 serait « nettement meilleur », se fondant sur la prévision de la Banque de France qui table sur une croissance du PIB de 0,8 % sur les premiers mois de l'année. Dans ces conditions, Paris continue de tabler sur une croissance de 2 % en 2011 et fait même savoir que le déficit public devrait être en deçà de 7,7 % du PIB à la fin de l'exercice écoulé (2010).La question du niveau de la croissance n'a rien d'anodin : en cas d'atterrissage en deçà de la cible, c'est le problème des rentrées fiscales qui serait posé. La France ayant fait de son engagement de ramener le déficit public à 6 % du PIB en 2011 et 4,6 % en 2012 l'alpha et l'oméga de sa politique économique, il lui faudrait - au cas où la croissance lui ferait défaut - envisager un cran supplémentaire dans la rigueur. On verrait alors ressurgir la polémique autour d'un nouveau tour de vis sur les dépenses mais surtout le spectre des hausses d'impôts.
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