Sarkozy temporise sur les retraites... jusqu'en septembre

Couper l'herbe sous le pied des syndicats qui le soupçonnaient de vouloir faire passer la réforme des retraites dans la torpeur de l'été. Tel était l'objectif de Nicolas Sarkozy à l'occasion du sommet social qui a réuni, hier lundi à l'Élysée, les leaders syndicaux et patronaux. « En tout état de cause, celle-ci [la réforme des retraites, Ndlr] ne sera pas adoptée par le Parlement en juillet. Je veux un débat approfondi, qui ne s'enlise pas, qui ne s'éternise pas, mais qui prendra le temps qu'il faut. Il n'est pas question de passer en force », a souligné le chef de l'État dans sa déclaration liminaire. Et de détailler le calendrier : présentation des projections du Conseil d'orientation des retraites début avril, lancement des concertations avec les partenaires sociaux et dépôt du texte au Parlement pour examen lors d'une session extraordinaire en septembre. Soit, selon l'entourage du chef de l'État, une période de cinq mois pour mener la concertation.À la sortie de l'Élysée, les leaders syndicaux ne pouvaient que reconnaître le geste de Nicolas Sarkozy. « L'engagement qu'il n'y aura pas de réforme pendant l'été, en juillet, est une bonne chose », a admis François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT. De son côté, Jean-Claude Mailly, le leader de FO, s'est félicité d'un autre gage donné par le chef de l'État, la reconduction, en 2010, de l'allocation équivalent retraite, qui permet à des chômeurs ayant cotisé quarante ans de partir à la retraite avant l'âge de 60 ans.Mais nul n'est dupe. Le chef de l'État est décidé à boucler sa réforme des retraites d'ici à l'automne. « Début septembre, le gouvernement prendra ses responsabilités et déposera un texte [...]. C'est une question d'intérêt général [...]. Il est impossible de ne pas décider », a martelé Nicolas Sarkozy devant la presse à l'issue du sommet social. L'exécutif veut absolument éviter que les discussions ne débordent au-delà de septembre. D'abord, parce que l'agenda parlementaire est traditionnellement surchargé en fin d'année, avec l'examen du budget et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Faute de saisir le créneau d'une session extraordinaire en septembre, la réforme n'aurait que peu de chances d'être adoptée, comme l'a promis Nicolas Sarkozy, d'ici à fin 2010. Surtout, le gouvernement veut éviter que les syndicats n'aient le temps de remobiliser à la rentrée. Certes, ils devaient, à l'occasion d'une intersyndicale, lundi soir, appeler à une manifestation sur le thème de l'emploi, des salaires et des retraites à la fin du mois de mars. Mais l'exécutif parie que cette mobilisation s'essoufflera à l'approche des beaux jours et qu'elle ne redémarrera pas.desserrer l'étauSur le fond, l'exécutif ne devrait rien lâcher non plus. Lundi, le chef de l'État a confirmé que le périmètre de la réforme inclurait la fonction publique, Éric Woerth étant chargé de mener la concertation avec les représentants des fonctionnaires. Du côté du secteur privé, où les discussions, sur les retraites et sur la pénibilité, seront menées par Xavier Darcos, le gouvernement prévoit toujours de jouer sur deux paramètres, la durée de cotisation et l'âge légal de départ à la retraite, qui serait reporté au-delà des 60 ans.Conscient du piège dans lequel est en train de les enfermer le chef de l'État, les leaders syndicaux tentent de desserrer l'étau. « Si nous ne sommes pas allés au bout des discussions sur une réforme de fond réduisant les inégalités, il faut qu'on puisse prolonger le débat d'un mois ou deux, a souligné François Chérèque. Les choses vont aller relativement vite. Il ne faut pas perdre de temps pour que les salariés prennent la parole. » La course de vitesse est engagée...
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