Les états balkaniques s'inquiètent d'un risque de contagion

Au temps de sa splendeur, dans la décennie qui a suivi l'adoption de l'euro, la Grèce a été un des pays les plus actifs dans les Balkans. Les entreprises grecques ont investi 15 milliards d'euros dans la région, ce qui est loin d'être négligeable. Aujourd'hui, la Grèce est le premier investisseur en Macédoine et en Albanie, et le troisième en Bulgarie. En Serbie, les investissements directs grecs atteignent 2,5 milliards d'euros, et en Roumanie, ils dépassent les 3 milliards d'euros.Faillite ou plan d'austérité, la croissance grecque ne devrait pas sortir indemne de la crise actuelle. Y a-t-il alors un danger de contagion aux Balkans ? Les économistes gardent leur calme. « Sur le plan commercial, la Grèce n'est pas un partenaire clé de la région et l'impact d'une récession devrait être limit頻, estime Vladimir Gligorov, économiste spécialiste des Balkans à l'Institut viennois d'études économiques (WIIW). L'impact bancaire pourrait être plus net. Les banques grecques sont fortement présentes dans la région : leur part de marché atteint 26 % en Bulgarie, 15 % en Roumanie. « Ces banques vont surtout réduire leur expansion », estime Juraj Kotian, économiste chez Erste Bank à Vienne, qui rappelle que la demande de crédits dans la région reste faible, de toute façon. transparence des banquesPour Vladimir Gligorov, le manque de transparence des banques grecques rend la situation délicate à évaluer. « Tout dépend du degré de dépendance des banques vis-à-vis des emprunts d'État grecs », estime-t-il. Mais il voit un problème dans la prudence des établissements grecs, surtout une fois la croissance revenue. Globalement, pour Juraj Kotian, les entreprises grecques devraient maintenir leurs investissements sur des marchés qui restent prometteurs. L'impact de la crise grecque sur la région devrait donc rester limité.Sur le plan politique, les conséquences pourraient être plus importantes. De nombreux travailleurs immigrés albanais et bulgares en Grèce contribuent à leurs économies nationales. Seront-ils touchés par une éventuelle récession ? Pour Vladimir Gligorov, c'est peu probable, car ils ne font pas « concurrence » aux travailleurs grecs, mais sont surtout actifs dans l'agriculture et le tourisme. Quant au risque de voir éclater une crise de confiance des marchés vis-à-vis des États de la région, Juraj Kotian l'estime réduit, car leurs finances publiques sont meilleures que celles de la Grèce. « La Serbie et la Roumanie ont reçu l'aide du FMI et ont des liquidités, les autres pays ont pu sans problème emprunter sur les marchés », constate Vladimir Gligorov. Bref, la contagion menace plus la zone euro que les Balkans. Romaric Godin, à Francfort
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