« Une taxe sur les banques ? Décidons tout d'abord quel serait son objet »

fpPour Pier Carlo Padoan, « un système de taxe devrait être construit en fonction de la politique finale que l'on souhaite favoriser. » Pier Carlo Padoan, secrétaire général adjoint de l'OCDEPier Carlo Padoan est économiste en chef de l'OCDE, secrétaire général adjoint, en charge de la task force « Réponsee;ponse stratégique à la crise ». Il intervient dans le cadre du colloque «La refondation du système monétaire et financier international, évolutions réglementaires et institutionnelles », organisé par l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, qui se tient mardi 16 et mercredi 17, et dont « La Tribune » est partenaire. La question de la création d'un Fonds monétaire européen semble d'actualité. En votre qualité d'ancien membre du FMI et d'actuel économiste en chef de l'OCDE, pensez vous que cette idée soit opportune ?La situation grecque montre que la zone euro nécessite d'être renforcée tant sur le terrain de la surveillance des politiques économiques nationales que sur la prévention des crises. Il existe aujourd'hui des fonctions qui sont exercées au niveau mondial par le FMI. C'est aux membres de la zone euro et à l'Union européenne de décider comment ce sujet peut être traité au niveau européen. Parmi les sujets évoqués au niveau international figure celui d'une taxation des établissements bancaires, aux Etats-Unis et en Europe. Estimez-vous cela nécessaire ?La première chose est de décider quel est l'objet de cette éventuelle taxe. Il y a deux grandes questions sur la table. Les deux méritent qu'on les examine. La première est de savoir jusqu'où on peut demander aux banques de contribuer au remboursement des énormes aides que gouvernements et contribuables ont mis sur la table pour sauver le système financier. L'autre est la capacité à créer des incitations pour que le système bancaire finance des investissements de long terme, y compris ceux relatifs aux changements climatiques et à l'économie verte. Un système de taxe devrait être construit en fonction de la politique finale que l'on souhaite favoriser. L'impact d'une éventuelle spéculation sur les CDS (credit default swap) dans la crise grecque a fait émerger l'idée d'une régulation de ces dérivés. Qu'en pensez vous ?Les CDS sont des instruments qui devraient aider à diversifier le risque et conférer une assurance. Néanmoins, comme la plupart des instruments financiers, ils nécessitent d'être régulés pour éviter les excès et le manque de transparence dans les échanges dans lesquels ils sont impliqués. Les membres du G20 se sont accordés en septembre dernier sur la nécessité d'un renforcement de la supervision financière et sa coordination. Or, il semble qu'un fossé soit en train de se creuser entre les états-Unis et l'Europe sur la mise en oeuvre de ces règles. Craignez vous que cela ait un impact en termes de risque systémique et de concurrence ?Il existe un accord général entre les gouvernements sur le fait qu'après la crise financière, les marchés ont besoin d'être mieux régulés et que la supervision doit être renforcée. Les institutions internationales travaillent sur le canevas du G20 dans cet esprit, et les progrès sont évidents. Néanmoins, dès lors que l'on entre dans les détails pratiques et la mise en oeuvre des nouvelles règles, il faudra prendre en compte le fait que les deux systèmes financiers sont différents de part et d'autre de l'Atlantique. Et si la convergence réglementaire est souhaitable, notamment pour éviter les arbitrages entre deux pôles, il est certain que des différences persisteront.Les banques européennes, et notamment françaises, sont inquiètes des nouvelles exigences en capital de Bâle 3. Cette crainte vous paraît-elle justifiée ?La crise financière a montré qu'en général les institutions financières et les banques ont souffert d'un excès de levier et d'une insuffisance de fonds propres. Bâle 3 vise précisément à corriger ce problème. La mise en place de capital additionnel devra être graduelle pour prendre en compte le rythme de la reprise économique. Car au même moment, les banques devront absolument renforcer leur distribution de crédit pour soutenir la reprise du secteur privé. La croissance nécessite davantage de crédit, particulièrement lorsque les politiques gouvernementales de soutien sont en train d'être retirées.Quel est l'apport de l'OCDE sur ces questions de régulation ? Depuis le début de la crise, dans le cadre de notre « Réponsee;ponse stratégique à la crise », l'OCDE a prôné une approche globale pour une redéfinition de la régulation, ne couvrant d'ailleurs pas seulement les institutions financières mais aussi les autres aspects qui sont y liés, comme la transparence fiscale, le gouvernement d'entreprise, la protection des consommateurs, qui sont aussi importants pour éviter des crises futures, ou au moins pour en atténuer les conséquences. n Il existe un accord entre les gouvernements sur le fait que les marchés ont besoin d'être mieux régulés et que la supervision doit être renforcée. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.