Les migrations des riches

Deux ans et demi de crise financière ont rebattu les cartes. Entre établissements bancaires, bien sûr, mais aussi dans certains métiers spécialisés. La banque privée, celle réservée aux grandes fortunes, est de ceux-là. La chasse aux évadés fiscaux, couplée aux obligations imposées aux banques ayant bénéficié d'aides d'état, a ébranlé un monde jusque-là feutré. Déclin des établissements suisses, les plus importants au monde, abandon du métier par certaines banques européennes, essor de rivaux dans les pays émergents... La mutation est spectaculaire. UBS, premier gestionnaire de fortune dans le monde, a été frappé plus que tout autre. Fragilisée par des pertes abyssales dans les « subprimes », sommée de livrer au fisc américain le nom de clients soupçonnés de fraude, éclaboussée par l'affaire Madoff, la première banque helvétique a connu une véritable hémorragie. En deux ans, ses clients ont retiré 150 milliards d'euros de ses caisses, près d'un dixième de ses avoirs sous gestion. Credit Suisse en bien a récupéré une partie, mais les deux maisons ont dû batailler sur un autre front. Avec l'amnistie fiscale italienne, ce sont près de 10 milliards d'euros qui ont quitté leurs coffres-forts du Léman ou de Zurich pour gagner la péninsule. Et ce remue-ménage est loin d'être terminé, si l'on en juge par le nombre d'évadés fiscaux ayant préféré régulariser leur situation aux états-Unis (15.000 environ) et, dans une moindre mesure, en Allemagne ou encore en France. Mais l'incertitude ne règne pas que sur le plan fiscal. Les contreparties demandées par Bruxelles aux banques ayant bénéficié d'aides d'état contraignent ING et KBC à céder leurs activités de banque privée. Le néerlandais a vendu sa filiale asiatique au singapourien OCBC ; et le brésilien Safra et l'indien Hinduja sont candidats au rachat de la gestion de fortune de KBC. Le mouvement de bascule est commencé. [email protected] pierre-angel gay
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