Le Japon inquiète, mais place encore sa dette

Si les craintes concernant la santé des finances publiques des grandes économies développées persistent, le plus endetté des membres de l'OCDE, le Japon, poursuit avec succès son programme de financement depuis le début de l'année. Mais dans un contexte démographique déprimé, le pays fera face à des défis considérables dans les prochaines années pour financer sa dette.Les 2.600 milliards de yens (28 milliards de dollars) d'obligations d'État à 5 ans placés ce jeudi par le Trésor nippon ont ainsi attiré la plus forte demande depuis avril 2005, totalisant 4,65 fois les montants offerts malgré un rendement très modeste de 0,53 %. Sur la même échéance, les Trésors américain et français ont récemment emprunté à des taux respectifs de 2,5 % et 2,2 %. « La situation japonaise est très particulière. Malgré des émissions colossales, les niveaux nominaux des taux sont extrêmement bas du fait de la déflation que connaît le pays. La dette publique est en outre détenue quasi intégralement par des investisseurs domestiques et la Banque du Japon soutient le marché », explique René Defossez, stratégiste taux chez Natixis. Grâce à un excédent d'épargne très important le Japon a émis sans soucis plus de 210 milliards de dollars de dette cette année, l'équivalent des émissions de l'Allemagne et de la France.Les investisseurs japonais détiennent en effet 94 % de la dette de l'État, le secteur public étant lui même un investisseur important. Contrôlée par l'État, la Japan Post Bank, première banque du pays par les dépôts, dirige 80 % de ses investissements vers les bons du Trésor japonais. Ce mode de financement permet pour l'instant au pays de se financer sans encombre, mais le repli annuel moyen de 0,5 % de la population anticipé par l'OCDE d'ici 2020 pourrait tarir les flux d'épargne alors que les fondamentaux du pays se dégradent.signaux d'alarmeLe déficit budgétaire japonais, de 9,4 % lors du dernier exercice fiscal, devrait dépasser les 10 % tandis que sa dette publique devrait atteindre les 200 % du PIB en 2011. Autant de signaux d'alarme qui avaient motivé la mise sous surveillance négative de la note AA du pays par Moody's en janvier, et qui interpellent sur la capacité du pays à faire face à ses engagements dans l'avenir. « Combinés à la faiblesse des rendements, les risques d'une crise fiscale majeure à l'horizon de quelques années disqualifient la dette publique [japonaise] dans le cadre d'une allocation de portefeuille équilibrée à moyen terme », soulignent les experts de Stelphia AM.
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