En taxant les pneus chinois, Obama fait déraper le caoutchouc

oduits tropicauxLes pneus chinois ne sont plus bienvenus aux États-Unis. En annonçant la mise en place, à la fin du mois, d'une taxe de 35?% sur cet équipement principalement constitué de caoutchouc, l'administration Obama a entraîné un mouvement de déroute sur les cours. À Tokyo, les cours d'ordinaire peu volatiles ont sombré de 9,2?%, avant de se reprendre très légèrement, à 197 yens (1,47 euro) le kilo hier. La Chine est en effet le premier importateur de caoutchouc, devant les États-Unis. Le pays achète la matière première à la Thaïlande, l'Indonésie ou la Malaisie, les trois premiers producteurs. Mais la filière est déjà bien déboussolée cette année. Très dépendante de la production automobile, puisque 80 % de la gomme naturelle finit en pneus, la consommation de caoutchouc s'effondre. Elle est ainsi tombée à 20,8 millions de tonnes pour l'exercice clos juin 2009, son plus bas niveau depuis mai 2005.Pourtant, le caoutchouc naturel, qui avait subi un véritable krach dans le sillage du pétrole auquel il peut souvent être substitué, s'est nettement repris. En Asie du Sud-Est, plusieurs États comme la Thaïlande et le Vietnam ont préféré acheter la production aux fermiers, pour éviter des ventes à bas prix. Mais surtout, un fort mouvement de spéculation de la part de fonds est apparu depuis deux mois, qui a gonflé les prix de 20 %. « La hausse des cours est paradoxale, parce que les vrais fondamentaux sont faibles », assure Patrick de Virville, chez ED&F Man France, négociant en caoutchouc. craintes de manqueCertes, la récolte de caoutchouc naturel butte sur la météo en Asie, entraînant des retards de production. Des pluies plus fortes que d'ordinaire rendent les saignées d'hévéas difficiles. Car s'il rentre en contact avec l'eau, le latex devient inutilisable. Un phénomène venu s'ajouter aux révisions à la baisse des productions des principaux producteurs, qui fait craindre un manque de caoutchouc pour 2010. La forte baisse des cours constatée lundi semble d'ailleurs confirmer la composante fortement spéculative du marché. Car au final, l'apparition d'une taxe aux États-Unis ne devrait affecter ni l'offre ni la demande, mais simplement entraîner une redistribution des cartes des acheteurs de caoutchouc. Reste que les industriels pleurent : la demande de pneu est au point mort en Europe et aux États-Unis. Selon le directeur général de Michelin, Michel Rollier, qui s'exprimait hier au Salon de l'automobile de Francfort, les prix du caoutchouc devraient se maintenir en raison de la demande de la Chine. Les fabricants de pneumatiques occidentaux peuvent toutefois se consoler avec l'impact haussier que la taxe américaine ne manquera pas d'avoir sur les prix moyen des pneus.
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