Le Japon renoue avec une croissance éphémère

Hâtons-nous de consommer avant un hiver froid et long : c'est en substance le signal émis par le Produit intérieur brut (PIB) japonais du troisième trimestre, dont les chiffres, publiés lundi, n'ont apporté qu'un soulagement temporaire aux milieux économiques. L'activité a augmenté de 0,9 % entre juillet et septembre par rapport au trimestre précédent, selon le gouvernement japonais, une statistique meilleure que prévue. En rythme annualisé, l'augmentation est de 3,9 %. Le rythme est deux fois plus rapide qu'entre avril et juin (1,8 % après révision), mais cette performance, qui a surpris tous les prévisionnistes, a rapidement été mise sur le compte de facteurs exceptionnels par les analystes. Ceux-ci s'attendent à des lendemains qui déchantent. La consommation privée, les deux tiers des gains de croissance du trimestre, s'est très bien tenue. Les ventes de voitures en particulier se sont envolées. Elles ont représenté 50 % de la croissance de l'économie de l'Archipel, selon le Ministère de l'Industrie. Seul problème, le programme public d'incitation à l'achat de véhicules faiblement polluant, qui a prévu un système très généreux d' « éco-points », a pris fin début septembre. C'est également ce système qui soutient les ventes de nouveaux logements ?propres?, d'électroménager « écologique », etc. Or ces dispositifs touchent aussi à leur fin. Exportations en berneGrevé d'une dette publique colossale, l'État n'aura bientôt plus les moyens de porter ainsi la demande privée. À titre d'exemple, l'effet de l'arrêt des « éco-points » sur l'automobile a été brutal : en septembre, les ventes ont chuté de 34,1 %, puis de 19,5 % en octobre. L'exportation, qui d'ordinaire tire la croissance de l'Archipel, est aussi mal en point. Le Japon vit une nouvelle ère d' « endaka » (yen fort) qui pénalise ses exportateurs, en particulier face aux concurrents sud-coréens et chinois, à un moment où la demande mondiale peine à redémarrer. « Les exportations et les importations ont fortement ralenti au cours du troisième trimestre, mais l'export en particulier a considérablement faibli », relève l'économiste en chef de Crédit Suisse, Hiromichi Shirakawa, dans une note parue lundi. Pour lui comme pour ses confrères, « le PIB se contractera d'octobre à décembre ». Le Premeir minister Naoto Kan a bien promis d'appliquer rapidement des mesures de relance d'un montant de 6.000 milliards de yens (52 milliards d'euros) pour soutenir l'activité, il devra d'abord s'employer à faire adopter une rallonge budgétaire par un Parlement divisé. Seul espoir : que les Japonais retrouvent le chemin des grands magasins à l'occasion des fêtes de fin d'année.
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