Volkswagen veut devenir numéro un européen des poids lourds

Le vieux rêve de Ferdinand Piëch enfin concrétisé ? Non content de viser la première place mondiale pour les voitures particulières en 2018 et d'absorber Porsche, l'influent et richissime président du conseil de surveillance de Volkswagen pourrait bien devenir l'un des tout premiers constructeurs mondiaux de camions. Scania, deuxième fabricant de poids lourds suédois, a en effet annoncé lundi l'étude d'une éventuelle fusion avec l'allemand MAN. Ce dernier a indiqué que les deux sociétés cherchaient une coopération industrielle plus intime, afin de réaliser de fortes synergies. Caractéristique commune de ces deux groupes prestigieux : ils gravitent autour de Volkswagen, qui détient 45,7 % de Scania et près de 30 % de MAN, ce dernier possédant en outre 13,4 % du capital de Scania !Selon l'hebdomadaire allemand « Der Spiegel », Volkswagen veut réorganiser sa production de camions en montant au capital de Scania, jusqu'à 75 % ou 80 %, puis en lui transférant la participation qu'il détient dans MAN. Scania devrait ensuite faire une offre sur les actions restantes de MAN, d'après le magazine.En 2009, Scania a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 6,6 milliards d'euros, tandis que celui de MAN avoisinait les 12 milliards. Scania emploie 34.000 personnes, MAN 48.000. Spécialisé dans les véhicules de gros tonnage, l'ensemble deviendrait le numéro un en Europe, avec une part de marché cumulée de 26 % (véhicules de plus de six tonnes sur les sept premiers mois de 2010), contre 21,8 % pour Mercedes (Daimler) et 21 % pour Volvo (possesseur notamment de Renault Trucks). Dans le monde, Scania-MAN arriverait à la deuxième place, loin toutefois derrière Daimler.Longue histoireTrès présents sur le Vieux Continent et certains marchés émergents, Scania et MAN souffrent de deux faiblesses stratégiques majeures, à savoir une absence aux États-Unis - où Daimler est le premier acteur mondial - et une présence plutôt symbolique en Asie.Ces rapprochements potentiels sont le résultat d'une longue histoire. Quand il était le patron opérationnel du groupe Volkswagen, Ferdinand Piëch voulait que celui-ci devienne un constructeur complet. D'où ses investissements dans les voitures de luxe (rachat de Bentley ainsi que Lamborghini) et les poids lourds. Longtemps réfractaire à toute alliance, Scania avait, de son côté, repoussé naguère une tentative de prise de contrôle par son compatriote Volvo. Il y a quatre ans, une OPA hostile lancée par MAN avait tout aussi piteusement échoué. La « folie des grandeurs », fort réaliste, de Ferdinand Piëch est en passe de s'accomplir.
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