Faute de moyens budgétaires, le débat sur le partage de la valeur ajoutée pourrait ressurgir

N'ayant pas les moyens de financer une politique sociale d'envergure, l'exécutif pourrait relancer le débat sur le partage de la valeur ajoutée des entreprises pour ne pas donner l'impression de laisser une partie des Français sur le bord du chemin de la reprise. Apparu lors de la campagne présidentielle, ce débat pointe la baisse de la part des salaires, la stagnation de celle de l'investissement et l'augmentation de la part des dividendes dans la valeur ajoutée, notamment dans les grands groupes. C'était l'un des rares sujets sur lesquels Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal étaient à peu près d'accord en 2007.Les partenaires sociaux ne s'accordant pas, l'Élysée mettra-t-il sa menace à exécution de légiférer pour que les bénéfices soient répartis équitablement selon la règle des trois tiers ? Mais cette règle ne fait pas l'unanimité, même au gouvernement. Christine Lagarde a répété son opposition à ce projet dès la publication du rapport Cotis, rapport qui soulignait la complexité de la question. « Danger pour les PME »« Selon leur mode de financement, leur politique d'investissement ou les facilités qu'elles anticipent sur leur accès futur au crédit, les entreprises ont des pratiques d'utilisation de leurs revenus extrêmement variables », précisait ce rapport. La faisabilité de ce projet est en cause. « Obliger le privé à suivre cette règle serait compliqué », estime Éric Heyer à l'OFCE.Sa légitimité interpelle aussi. « Cette mesure rigide risque de couler énormément de PME. Il vaut mieux favoriser l'intéressement », plaide Jean-François Roubaud à la CGPME. Rappelant que la part des salaires dans la valeur ajoutée n'a globalement pas baissé depuis dix ans, Michel Didier au COE-Rexecode estime qu'il serait plus judicieux de chercher des solutions pour augmenter la valeur ajoutée. « De plus, cette question du partage des profits n'apporte aucune réponse aux exclus », avance-t-il. Un point de vue partagé par Éric Heyer. « À cause de la crise, l'ancienneté au chômage progresse. Comme les minima sociaux n'ont pas été relevés, le nombre de personnes sombrant dans la pauvreté est en train d'exploser », explique-t-il. « Il y a 8 millions de personnes pauvres dont 2 millions d'enfants qui vivent avec moins de 950 euros par mois selon l'Insee », rappelle le rapport présenté ce lundi par Dominique Versini, la défenseure des enfants. Fabien Piliu
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