Pékin et Washington veulent façonner le monde de demain

Ce sera sans doute le point d'orgue de son long périple en Asie. Le président Barack Obama rencontre aujourd'hui son homologue Hu Jintao à Pékin. Ce n'est pas la première fois que les deux hommes se côtoient : ils ont pris langue au G20 de Londres, en avril dernier, et se sont revus à celui de Pittsburgh, fin septembre. Et si c'est la première fois qu'Obama se rend officiellement à Pékin, il connaît déjà l'Asie-Pacifique, pour avoir vécu à Djakarta et à Hawaï dans son enfance. Pas étonnant d'ailleurs qu'il soit plus tourné vers cette région que vers l'Europe? Cette relative familiarité n'aplanira cependant pas tous les problèmes que rencontrent les deux puissances dans leur relation. Une relation faite de dépendance mutuelle : la Chine exporte le gros de ses produits aux États-Unis, tandis que les États-Unis financent leur énorme déficit budgétaire grâce aux investissements chinois (pour près de 800 milliards de dollars) en obligations du Trésor.PartenariatSi les Américains jurent qu'ils réduiront leur trou budgétaire à l'avenir et que leurs bons du Trésor sont sûrs, ils voudraient aussi voir les échanges commerciaux se rééquilibrer, grâce à une demande intérieure chinoise plus soutenue. De même, ils estiment que la valeur du yuan, trop faible et donc trop avantageuse pour les exportations chinoises, doit être accrue. Il s'agit donc aujourd'hui de forger un partenariat offrant des bénéfices plus durables aux deux parties ? et même de porter l'alliance vers un autre niveau. À cet égard, au-delà des sujets qui fâchent, d'autres peuvent rapprocher. Cela pourrait être le cas de la lutte contre le réchauffement : si les deux pays, qui rechignent encore à s'engager fermement en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, réussissent un duo, ils pourraient entraîner le reste de la planète au sommet de Copenhague, en décembre. Même chose pour la lutte contre la prolifération nucléaire. Washington souhaite que Pékin use de son influence vis-à-vis de la Corée du Nord, et agisse de concert avec les autres nations face à l'Iran.Car l'Amérique l'a compris : c'est la relation sino-américaine qui façonnera le XXIe siècle, comme l'avait dit Obama avant son départ. Pour insister hier : « Les États-Unis ne cherchent pas à contenir la Chine. Au contraire, la montée en puissance d'une Chine forte et prospère peut être une force pour la communauté des nations. » Il ne s'agit donc pas pour la Chine de remplacer les États-Unis en tant que superpuissance, mais de travailler main dans la main avec Washington, afin d'avoir un impact commun sur la marche du monde. Le tout dans un contexte où la Chine souhaite, après avoir longtemps fait de la figuration, prendre toute sa place au sein de la communauté internationale. Elle a déjà marqué des points : selon certains pays présents aux derniers G20, c'est un G2, formé de la Chine et des États-Unis, qui est en fait à la man?uvre? Au grand dam des Européens, qui pourraient ainsi se retrouver marginalisés.
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