L'effet d'aubaine des primes va se tarir

utomobileEn apparence, tout va bien. Les immatriculations de voitures neuves ont bondi de plus de 26 % en Europe, le mois dernier. Elles ont même carrément explosé au Royaume-Uni (+ 58 %), ainsi qu'en France (+ 48 %), en Espagne (+ 37 %), en Italie (+ 31 %) ou en Allemagne (+ 20 %). La crise, quelle crise ? De quoi se plaint donc l'industrie automobile ? Renault a accru ses immatriculations de voitures particulières de 46 % en novembre sur le Vieux Continent, et PSA de 38 %, grâce notamment à l'embellie hexagonale.Le hic, c'est que ces ventes sont largement artificielles. Treize pays, représentant 90 % du marché automobile européen, ont en effet instauré des primes à la casse pour sauver un marché catastrophique en début d'année. Les automobilistes profitent d'autant plus de l'effet d'aubaine (1.000 euros en France) que la manne va se tarir, alors que le cap du demi-million de ventes subventionnées a été franchi dans l'Hexagone à la mi-novembre. La France devrait ainsi réduire ses aides gouvernementales à 700 euros au 1er janvier, puis les diminuer encore au 1er juillet. En outre, le système de bonus-malus, qui coûte également très cher au contribuable, va se durcir en 2010. Quant à l'Allemagne, elle a épuisé l'énorme budget alloué pour ses aides généreuses. chômage partielDans ces conditions, le marché automobile européen devrait subir une chute (à un chiffre) en 2010, selon PSA. Ford se montre encore plus pessimiste, puisqu'il évoque un marché de 13,9 millions d'unités seulement (voitures et utilitaires), contre 15,7 millions environ escomptés cette année. Il est clair que les ventes effectuées en 2009 à coups de subventions n'étaient que des anticipations d'achat. Sur la seule Allemagne, le premier marché du Vieux Continent, les ventes pourraient dégringoler d'un quart, prévient l'Association des constructeurs d'outre-Rhin VDA.Devant ces perspectives moroses, le chômage partiel dans les usines ? plaie du second semestre 2008 et du début 2009 ? est loin d'être terminé. Renault va ainsi fermer son site de Douai, qui produit pourtant le récent monospace Scénic, du 17 décembre au 11 janvier. Et son unité de Sandouville suspendra sa production du 19 décembre au 5 janvier. Le constructeur au losange n'envisage pas moins de 45 jours de chômage partiel en moyenne dans ses usines l'an prochain, après 50 à 60 jours en 2009, d'après la CGT, qui se fonde sur les informations fournies aux syndicats par la direction. Pas de quoi pavoiser ! La crise n'est donc pas terminée.Au-delà du marché lui-même, primes et bonus ont en outre complètement déséquilibré la structure des ventes, au bénéfice des petits modèles d'entrée de gamme, sur lesquels les constructeurs réalisent des marges souvent quasi nulles. D'autant plus que les primes ont généré une surenchère des remises en tout genre. Ce qui explique pour une bonne part les mauvais résultats financiers des constructeurs automobiles.Alain-Gabriel Verdevoye
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