L'opposition allemande s'en prend au manque d'ambition européenne d'Angela Merkel

Ce mercredi, devant les députés du Bundestag, Angela Merkel s'était voulu apaisante sur sa politique européenne. A la veille du sommet de Bruxelles, elle a ainsi affirmé que « personne en Europe ne sera abandonné », avant de se lancer dans un éloge de l'euro « qui a démontré sa capacité de résistance à la crise ». Mais elle a aussi voulu rassurer ceux qui craignent que l'UE ne se transforme en un gouffre financier pour l'Allemagne, en rappelant que le mécanisme d'aide après 2013 devait rester « un dernier recours » et mettre à contribution les créanciers privés, puis en exigeant « plus de responsabilité » au sein des pays membres, en particulier sur le plan budgétaire et sur l'amélioration des structures économiques. Mais ce discours n'a rien apaisé. Les Sociaux-démocrates (SPD), jusqu'ici assez discrets sur la question européenne, sont désormais passés à l'offensive. Dès mardi dans une tribune parue dans le quotidien des affaires Handelsblatt, le président du SPD Sigmar Gabriel accusait la politique européenne de la chancelière de « nuire à l'Allemagne ». Et de constater : « Angela Merkel ne semble pas reconnaître sa tâche historique de mener un nouveau progrès dans l'idée européenne. Ou bien a-t-elle trop peur de son propre parti et des journaux populaires ? ». Ce mercredi, au Bundestag, l'ancien vice-chancelier Frank-Walter Steinmeier, chef du groupe parlementaire SPD, a repris la charge contre « une politique des petits pas » quand l'Europe a besoin d'un « grand saut en avant ». Avec son homologue écologiste Jürgen Trittin, il a défendu l'émission d'obligations de la zone euro («eurobonds»), toujours rejetée par Angela Merkel. La gauche a également réclamé une augmentation du plan de sauvetage actuel, le FESF. Frank-Walter Steinmeier a aussi reproché à la chancelière de « ne pas vouloir entendre le cri d'alarme de la BCE » qui a demandé sa recapitalisation et qui, selon lui, risque de devenir une « bad bank ». La droite a répondu avec violence à ce réquisitoire. Un député de la CSU bavaroise a jugé le comportement du SPD «anti-patriotique » tandis qu'un autre du même parti accusait la gauche de « trahir les intérêts nationaux ». Face à une gauche jouant la solidarité européenne, une partie de la droite durcit son discours. « Nous ne pouvons pas admettre les « eurobonds », nous ne voulons pas les admettre et nous ne les admettrons pas », a martelé Birgit Homburger, chef du groupe parlementaire libéral (FDP). La bipolarisation de la vie politique allemande, qui s'est exacerbée ces derniers mois, n'avait pas encore touché la politique européenne. C'est désormais chose faite. Voilà qui complique la tâche de la chancelière Angela Merkel pour construire outre-Rhin un consensus acceptable sur sa politique européenne.Romaric Godin, à Francfort
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.