Le plan de David Cameron pour réduire les déficits suscite la polémique sur le terrain

Les cinq fillettes éclatent de rire. Comme chaque semaine, ces collégiennes présentent pendant une heure leur émission en direct sur l'antenne de Radio « Wythenshawe », une radio communautaire du sud de Manchester. Une banlieue perçue pour être l'une des plus dangereuses du Royaume-Uni. Depuis une dizaine d'années Phil Korbel et son équipe tentent d'inverser le cours de choses grâce à deux radios communautaires. « Nous faisons comme les deux cents autres radios communautaires du pays, nous sommes le ciment social » explique Phil Korbel. « Nous apprenons à nos stagiaires surtout à utiliser un ordinateur, à agir au sein d'un groupe, à prendre des responsabilités, c'est-à-dire certaines des qualités nécessaires à tout travail et utiles dans n'importe quel cadre professionnel. Et, tout aussi important : améliorer leur perception d'eux-mêmes ». Anticipation Mais ce travail social risque de succomber aux coupes budgétaires que la coalition des conservateurs et libéraux aux rênes à Londres a engagé. « Ce pays a besoin d'un assainissement de ses finances publiques pour résorber le plus grand déficit budgétaire en temps de paix [dépassant 10 % du PIB l'an dernier, NDLR] » a répété mercredi aux Communes le Premier ministre David Cameron, déjà sous pression pour l'accélération de l'inflation (voir aussi page 20) et un chômage des jeunes atteignant 20,5 % (le taux général s'élevant à 7,9 %).Les coupes dans les dépenses ne seront effectives qu'au mois d'avril mais les municipalités ont déjà anticipé la baisse de 50 % des subventions de l'État. Une décision totalement contradictoire avec la volonté de David Cameron de développer la « Big Society » (la grande société) privilégiant les initiatives privées aux dépens de l'État.Cette décision affectera principalement les municipalités déjà financièrement en difficulté, très souvent des bastions de l'opposition travailliste, qui nécessiteraient du coup un soutien plus conséquent de l'État. « Les effets des coupes seront disproportionnés chez nous par rapport à Londres ou au Sud-Ouest, où se trouve la majorité des votants conservateurs, » assure Tony Lloyd, parlementaire travailliste pour la circonscription de Manchester Central. « C'est totalement volontaire de la part du gouvernement, c'est un choix clairement politique. Du coup, nous nous retrouvons avec des gens qui espéraient, comme chacun, voir leurs enfants mieux vivre qu'eux et qui s'aperçoivent qu'ils vivront sans doute mieux que leur progéniture... » Tristan de Bourbon, à Mancheste
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