L'avenir du nucléaire suspendu au choc japonais

Symbole des rebondissements actuels dans le secteur de l'énergie, l'avenir du nucléaire est désormais en question, après la catastrophe de la centrale de Fukushima au Japon, victime du séisme et du tsunami. La renaissance promise par presque tous les experts du nucléaire civil dans les années à venir avec un doublement attendu de la capacité mondiale d'ici à 2030 (800 GW, contre 370 GW fin 2009, et 1.200 à 2.000 GW en 2050) a désormais du plomb dans l'aile.À l'origine de l'engouement annoncé pour le nucléaire, on trouvait les énormes besoins en énergie de la planète, qui doivent croître de plus de 50 % d'ici à 2030, associés à la nécessité de contenir les émissions de CO2. Les pays émergents, qui seront à l'origine de plus de 70 % de cette nouvelle demande, faisaient figure de candidats idéals pour accueillir la majorité des 20 à 30 nouveaux réacteurs qui devaient sortir de terre chaque année d'ici à 2050, d'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En particulier la Chine et l'Inde, qui mènent aujourd'hui avec la Russie et la Corée, les plus importants programmes de construction de centrales. La Chine construit dix réacteurs actuellement (66 nouvelles centrales de 1.000 MW sont prévues d'ici à 2035), l'Inde conduit cinq chantiers et prévoit de multiplier son parc au moins par cinq. Plusieurs pays déjà équipés, comme la République Tchèque, la Lituanie et la Roumanie, mais aussi de « nouveaux entrants » comme la Pologne, la Turquie et les Émirats arabes unis sont déjà engagés dans de nouveaux programmes. Frappaient aussi à la porte du nucléaire civil l'Égypte, qui a annoncé début mars le lancement imminent de son premier appel d'offres, la Jordanie, l'Indonésie, le Kazakhstan, le Nigeria, le Vietnam, les Philippines, la Thaïlande... D'autres en rêvaient, comme l'Albanie, la Serbie, l'Algérie, l'Irak, Israël, le Bangladesh, le Kenya, la Malaisie ou le Venezuela...Cette liste risque désormais de fondre comme neige au soleil. Déjà, plusieurs pays, notamment en Europe (voir ci-dessous) gèlent des projets, arrêtent de vieilles centrales ou stoppent leur prolongation de vie après la catastrophe nipponne. Le phénomène risque de s'amplifier, sauf peut-être dans les nations comme la Chine, moins à l'écoute de leur opinion publique que de leurs objectifs de développement pluriannuels. Avant que la sécurité ne redevienne la question majeure face au développement de l'atome avec l'accident de Fukushima se posait celle du financement. De nombreux pays émergents ne peuvent pas financer les 2 à 4 milliards de dollars que coûte un réacteur de 1.000 MW. « Les deux centrales dont veut se doter la Jordanie représentent un tiers de son PIB », soulignait ainsi un industriel français alors que Amman devait lancer officiellement en mars son appel à candidature. D'autres moyens de production d'électricité, de plus petite taille, sont plus aisés à financer. De toute façon, la technologie nucléaire nécessite plus que jamais la mise en place des autorités nationales de réglementation et de sûreté et l'acquisition de compétences techniques. Un processus qui exige au moins dix ans... et qui ne met pas à l'abri des catastrophes, comme le Japon vient de le montrer. D'où l'espoir du champion français du nucléaire, le groupe public Areva, de voir le marché plébisciter le type de centrales qu'il propose, plus complexes et théoriquement plus sûres (et plus chères) plutôt que des offres low-cost. Dans l'hypothèse où le nucléaire poursuive son développement malgré Fukushima...
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