Le monde a les yeux rivés sur Fukushima

L'impression de regarder un cauchemar au ralenti... Aucun élément n'est venu, mercredi, dissiper l'angoisse croissante de la planète devant l'incapacité des autorités japonaises et de Tokyo Electric Power Company (Tepco) à reprendre le contrôle des opérations dans la centrale endommagée de Fukushima, renforçant encore le sentiment d'inéluctabilité d'une catastrophe.La journée a une nouvelle fois été marquée par une détérioration de la situation au sein de la centrale, temporairement évacuée dans la matinée par les dizaines d'employés de Tepco tentant de conjurer le pire au péril de leur vie en raison d'une radioactivité importante. L'objectif défini comme prioritaire de la compagnie, le refroidissement du combustible du réacteur numéro trois, a échoué. Les hélicoptères chargés de déverser des milliers de litres d'eau à l'intérieur du réacteur, dont l'enceinte de confinement aurait à son tour été endommagée, n'ont pu mener à bien leur mission en raison des radiations. La situation de la piscine de stockage du combustible usé du réacteur numéro quatre, où s'est produit un incendie, était également alarmante. Elle constitue même « la principale préoccupation » selon l'Autorité de sûreté nucléaire française, des rejets radioactifs étaient susceptibles d'être émis directement dans l'atmosphère. Pour refroidir les combustibles, le Japon compte désormais utiliser des canons à eau, que l'armée américaine s'est engagée à lui fournir.Devant la gravité de la situation, l'empereur du Japon Akihito est, fait exceptionnel, sorti de son silence. Dans un discours télévisé, il s'est déclaré « profondément préoccupé par la situation dans la centrale de Fukushima ». Les autorités japonaises ont, pour leur part, appelé au calme les populations situées à plus de 30 kilomètres de la centrale. « Les personnes ne seraient pas en danger immédiat si elles sortaient avec ces niveaux (de radioactivité), ils faut qu'elles le comprennent », a déclaré à la télévision le secrétaire général du gouvernement, Yukio Edano.À Tokyo, situé à 250 kilomètres du sinistre, des témoins décrivaient toutefois une ville fantôme, avec des habitants cloîtrés chez eux. Plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne, la Suisse et l'Australie, ont demandé à leurs ressortissants de quitter la ville pour se réfugier plus au sud ou à l'étranger. Des Français évacués du Japon sont arrivés mercredi matin à Roissy.En France, le gouvernement a adopté un ton résolument pessimiste à propos des événements en cours. La ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a indiqué que le « scénario du pire est possible et même probable ». « Le pire des scénarios, c'est évidemment un impact supérieur à Tchernobyl », a ajouté le porte-parole du gouvernement François Baroin. En Conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a appelé à ce que « les enseignements de l'accident de Fukushima (soient) tirés, à travers une revue complète des systèmes de sûreté de nos centrales nucléaires » appelée à être rendue publique, tout en réaffirmant la « pertinence » de la politique énergétique du pays. Mais à Vienne, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique s'est montré moins alarmiste. Yukiya Amano a jugé la situation « très sérieuse » mais a jugé inapproprié de la qualifier « hors de contrôle ».L'onde de choc des événements japonais continuait bien sûr à se propager dans le monde, y compris sur la marché des changes, soulevant bien des questions et appelant diverses mesures de précaution. La Chine, où plus de dix réacteurs nucléaires sont en construction à l'heure actuelle, a demandé une inspection immédiate et complète de la sécurité de ses infrastructures et gelé les approbations de nouvelles centrales nucléaires. L'Union européenne aurait recommandé aux États de procéder à des contrôles de radioactivité sur les aliments importés du Japon.Sur place, le bilan officiel mercredi était d'environ 4.134 morts et de plus de 8.000 disparus. Pour les rescapés, la situation restait également très précaire. Environ 1,6 million de bâtiments sont privés d'eau potable et plus de 600.000 foyers d'électricité, notamment dans le Nord, où les températures sont proches de zéro.
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