La dette portugaise n'est pas à l'abri d'une crise politique

Le Portugal, qui était déjà sous la pression des marchés, est désormais menacé d'une crise politique qui pourrait le contraindre à demander un soutien financier. Lors d'un entretien diffusé mardi, avant la dégradation de la notation du Portugal par Moody's, le Premier ministre, José Socrates, estimait en effet que si le Parlement votait en avril contre les nouvelles mesures d'économie présentées vendredi, l'ordre de 4,5 % du PIB, le gouvernement « n'aurait plus les moyens d'agir et la parole devrait être rendue au peuple ». « La conséquence d'une crise politique sera l'aggravation des risques de financement de notre économie et elle conduirait le Portugal à demander d'une aide extérieure », a-t-il averti. La détente des taux des obligations portugaises, consécutives aux avancées du sommet européen de vendredi (portant notamment sur l'augmentation à 440 milliards d'euros de la capacité de prêt effective du fonds de stabilité européen et sur l'élargissement de ses attributions opérationnelles), n'a de fait duré qu'une séance.Recapitalisation des banquesAprès avoir baissé de 16 points de base lundi, puis de 2,9 points mardi, le taux des obligations portugaises à 10 ans - qui varie en sens inverse des prix - rebondissait mercredi de 10 points de base, à 7,51 %, dans le sillage du résultat mitigé de l'émission de dette à 12 mois réalisée par Lisbonne. Le Portugal a payé mercredi un taux de 4,33 % pour placer 1 milliard d'euros de titres, contre 4,05 % lors de l'opération du 2 mars. Surtout, la demande des investisseurs n'a représenté que 2,2 fois l'offre de titres, contre 3,1 fois la fois précédente. Dans un contexte de marché troublé par les événements survenus au Japon, qui ont fait bondir les obligations d'Etat des pays jugés les plus sûrs, le taux à 5 ans portugais augmentait au contraire mercredi de 5 points à 7,78 %, non loin du plus haut de 13 ans de 8 % atteint vendredi. Annoncée mardi soir, la dégradation de la notation du Portugal de 2 crans à « A3 » avec perspective « négative » a pesé sur la tendance. Citant les « perspectives de croissance faible », « un accroissement des coûts du financement » et « les risques concernant la mise en oeuvre des objectifs » d'austérité du Portugal, Moody's a précisé que « l'engagement à la consolidation budgétaire partagé par les deux partis politiques majoritaires », explique en grande partie le maintien de la note portugaise dans la zone « A ». L'agence a également évoqué l'éventuelle recapitalisation des banques portugaises, qui éprouvent de grandes difficultés à se refinancer en dehors des prêts de la BCE, qui ont augmenté en février pour le troisième mois consécutif, à 41,1 milliards d'euros.Le Portugal se bat pour éviter un sauvetage similaire à celui de la Grèce et de l'Irlande. Si le pays arrive à se refinancer à court et moyen terme, il éprouve de plus en plus de difficultés pour se refinancer à long terme. Or des échéances majeures approchent : le pays doit rembourser vendredi 3,8 milliards d'euros de dette à court terme, puis un total de 9 milliards d'euros de dette à long terme en avril et en juin. Selon un sondage Reuters, 60 % des 45 économistes interrogés estiment que le pays demandera de l'aide d'ici juin.
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