Le franc suisse s'envole au plus haut niveau de son histoire face au dollar

Même si c'est dans un contexte beaucoup moins anxiogène que celui auquel doit faire face la Banque du Japon (lire page 4), la Banque nationale suisse (BNS) est, elle aussi, confrontée au dilemme d'une monnaie de plus en plus forte qui pénalise les exportateurs helvétiques, rançon de son rôle de valeur refuge traditionnelle en temps de crise. Le franc suisse a pulvérisé successivement mardi, puis mercredi, de nouveaux records de vigueur face au dollar, qui lui ont fait gagner près de 3 % de sa valeur depuis le début de la semaine. Pour la première fois, le dernier franc qui subsiste - exception faite du CFA - s'est hissé jusqu'à 0,9075 pour un dollar. Il reste néanmoins à distance de son plafond absolu vis-à-vis de l'euro, la monnaie unique ayant profité ces derniers temps des attentes de hausse des taux de la Banque centrale européenne dès son prochain conseil du 7 avril, redorant son attrait en termes de rendements en dépit de l'omniprésente crise de la dette souveraine de la zone euro. Ce record, pulvérisé fin décembre dernier juste au-dessus de 1,24, sera peut-être à nouveau approché, mais pour l'heure la devise helvétique se contente d'évoluer autour de 1,2650 pour un euro.L'irrésistible ascension du franc suisse devrait agir comme un puissant dissuasif pour la banque centrale helvète que démange pourtant la tentation d'abandonner la politique de taux voisins de zéro en vigueur depuis mars 2009. Son conseil, qui tient ce jeudi la première de ses quatre réunions trimestrielles de l'année, devrait donc maintenir la fourchette du Libor trois mois, qui fait office de taux directeur, à 0 % - 0,75 %, pour ne pas renforcer l'attrait de son franc par des rendements plus élevés. Coups d'épée dans l'eauLa situation est d'autant plus épineuse pour la Banque nationale suisse que son franc risque de monter en première ligne si les pressions haussières sur le yen, lui aussi proche de ses records absolus face au dollar, se relâchent. Les investisseurs internationaux, face aux immenses défis qui attendent le Japon, pourraient devenir plus frileux à l'égard de la monnaie nipponne. Ils reporteraient alors leurs achats sur le franc suisse. Et Philipp Hildebrand, le président de la banque centrale, est bien placé pour le savoir. Des interventions de change seraient purs coups d'épée dans l'eau. Voire contre-productives comme le lui a appris la mésaventure de 2010, qui a fait subir plus de 21 milliards de francs de pertes de change à la BNS.
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