Le regard d'Hélène Fontanaud : La peur fait battre en retraite

À 50 ans, on a généralement la joie de recevoir par la poste le relevé de ses points retraite et une batterie de convocations médicales pour dépister des cancers variés. Et déjà, ça part mal. Il en manque, des annuités pour espérer partir avant la fin. Dans ce contexte, déjà morose pour beaucoup de Français, le gouvernement vient de lancer sa concertation sur la réforme des retraites, un chantier qu'il espère conclure à l'automne, avant la retraite anticipée de François Fillon comme Premier ministre. Au menu, un allongement de la durée de cotisation, un recul de l'âge légal, une augmentation des cotisations, un élargissement de l'assiette de ces cotisations et un geste exceptionnel demandé aux plus riches qui devront abaisser provisoirement leur bouclier fiscal.Chacun d'entre nous est un régime spécialDéjà, la gauche dénonce l'injustice des mesures à venir, certains de ses ténors proposant toutefois des solutions assez proches de celles envisagées par le gouvernement. La seule ligne rouge que personne n'ose - encore - franchir est celle d'une baisse des pensions. Tout cela n'incite donc pas à l'optimisme le plus débridé. C'est même anxiogène. Mais c'est vrai qu'une réforme des retraites, c'est quasiment mission impossible. Chacun d'entre nous, compte tenu de son ADN, de son mode de vie, est un régime spécial à lui seul. Comment expliquer à quelqu'un qui vient d'entendre parler d'un membre de sa famille foudroyé trois ans après son départ en retraite qu'il lui faudra travailler jusqu'à 62, voire 65 ans ? Dans une société où on parie de plus en plus sur l'individualisation, comment faire passer la pilule de " l'espérance de vie qui s'allonge et qui justifie donc qu'on travaille plus longtemps ".Adieu au carré de tomatesTout le monde a compris que le temps où Jean Ferrat chantait ceux qui " attendent sans s'en faire que l'heure de la retraite sonne " est bien derrière nous. Le joyeux sexagénaire, avec son carré de tomates et ses parties de cartes, a disparu, remplacé dans l'imaginaire collectif par le " senior " qui se lève tôt pour aller au boulot. Mais là, aussi, il y a erreur. La France demeure un des pays d'Europe où le taux d'emploi des plus de 50 ans est l'un des plus faibles. Ce qui complique un peu plus encore la compréhension du dossier des retraites. Inévitablement, les quinquas ronchons étudient aussi à la loupe les difficultés des jeunes pour accéder au marché du travail et se disent qu'ils aimeraient bien leur libérer la place. Du coup, on en vient à rêver d'une réforme de toute l'organisation du travail et du déroulement des carrières en France. Et on a peur de ne pas y arriver de notre vivant...
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