Pour l'instant soutenus par le Trésor américain, Fannie et Freddie doivent se préparer à évoluer

Un an et demi après leur nationalisation « temporaire », l'avenir de Fannie Mae et Freddie Mac reste indéterminé. Seule certitude: l'administration Obama n'est pas prête à lâcher les deux géants du refinancement hypothécaire qui détiennent ou garantissent 5.000 milliards de dollars de créances immobilières. Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, juge qu'il est « tentant » de les privatiser et d'influents élus républicains réclament que l'Etat se désengage de ces institutions auxquelles 145 milliards de dollars d'aides publiques ont été versées depuis 2008. De son côté, la Maison-Blanche est « impatiente de (les) réformer mais comprend que cette refonte doit tenir compte d'un marché de l'immobilier résidentiel très fragile ».Voilà quinze jours, Freddie Mac a publié une perte de 7,9 milliards de dollars au titre du premier trimestre 2010 et demandé au Trésor une aide supplémentaire de 10,6 milliards de dollars. Lundi dernier, Fannie Mae lui a emboîté le pas, dévoilant une perte de 11,5 milliards de dollars et réclamant une rallonge de 8,4 milliards. Pour les ténors républicains, la coupe est pleine. « On ne peut pas procéder à une réforme responsable des services financiers en faisant abstraction de Fannie et Freddie », s'est exclamé Johnny Isakson, élu de Georgie. « trop grand pour sombrer »Dénonçant deux symboles de la notion de « trop grand pour sombrer », le candidat malheureux à la présidentielle de 2008, John McCain, et le plus haut élu républicain de la commission bancaire du Sénat, Richard Shelby, ont proposé que le gouvernement retire son soutien d'ici à deux ans. Leur texte a été rejeté par les sénateurs à 63 voix contre 36, avec l'aide de républicains modérés. Car lâcher « Fan & Fred » provoquerait une « chute libre » du marché immobilier et « ferait replonger les Etats-Unis dans la récession », avait prévenu Chris Dodd, le président démocrate de la commission bancaire. Dodd a proposé qu'en janvier 2011, le Trésor présente au Congrès des mesures visant à « liquider », « privatiser » ou « réinventer » les deux sociétés, ce qu'a validé le Sénat. Pour l'heure, le Trésor compte sur les deux établissements pour limiter les procédures de saisies et restructurer le crédit des ménages surendettés. Au premier trimestre, Fannie et Freddie garantissaient 96,5 % des crédits hypothécaires résidentiels. Même si Fannie et Freddie sont incapables d'anticiper un retour à l'équilibre, le Trésor s'est engagé à assumer leurs pertes, quelle qu'en soit le montant, jusqu'en 2012. Leur renflouement pourrait donc constituer le sauvetage le plus onéreux de la crise des subprimes. éric Chalmet, à New York
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